L'accusation et la défense de Charles Taylor souhaitent interjeter appel de la condamnation de l'ex-président du Liberia à 50 ans de prison, a-t-on appris mardi auprès du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL).

« La défense signifie son intention de déposer un acte d'appel », ont annoncé les avocats de Charles Taylor dans un document déposé lundi devant le TSSL et dont une copie a été transmise à l'AFP.

Dans un document similaire transmis à l'AFP, le bureau du procureur a également signifié aux juges son intention d'interjeter appel.

Charles Taylor avait été condamné le 30 mai à 50 ans de prison après avoir été reconnu coupable le 26 avril d'avoir soutenu, en échange de diamants, les rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF) lors de la guerre civile en Sierra Leone qui avait fait 120 000 morts entre 1991 et 2001.

L'accusation avait recommandé le 3 mai une peine de 80 ans de prison contre M. Taylor, 64 ans, premier ex-chef d'État condamné par la justice internationale depuis le tribunal militaire de Nuremberg qui jugea les dignitaires nazis, mais les juges ont estimé cette sanction « excessive ».

Le bureau du procureur et la défense étaient censés déposer leur éventuel acte d'appel au plus tard 14 jours après avoir reçu le texte complet du jugement prononçant la peine.

Ce délai arrivait mardi à son terme, mais la défense et l'accusation ont demandé lundi une extension du temps imparti de cinq et trois semaines, respectivement, a indiqué à l'AFP Peter Andersen, un porte-parole du TSSL.

La présidente du TSSL « déterminera plus tard quel temps additionnel peut être accordé aux parties », selon la même source.

Président du Liberia de 1997 à 2003, Charles Taylor avait été reconnu coupable des onze chefs d'accusation de crimes contre l'humanité et crimes de guerre dont il devait répondre, viol, meurtre et pillage notamment, commis entre 1996 et 2002 en Sierra Leone. Il avait plaidé non coupable.

M. Taylor a, selon les juges, « aidé et encouragé » une campagne de terreur visant à obtenir le contrôle de la Sierra Leone, dans le but d'exploiter ses diamants, pendant une guerre civile marquée par des nombreux actes de cannibalisme et mutilations.

En échange de diamants, l'ancien président a fourni armes et munitions aux rebelles sierra-léonais du RUF, jouant donc un rôle « crucial » dans les crimes commis par ces derniers, selon les juges.

M. Taylor doit purger sa peine en Grande-Bretagne en vertu d'un accord avec le TSSL, mais ses avocats ont assuré qu'il resterait écroué à La Haye jusqu'à ce que la procédure en appel soit achevée, ce qui pourrait prendre plusieurs mois.

Délocalisé de Freetown à La Haye en 2006 pour des raisons de sécurité, le procès de Charles Taylor, interpellé au Nigeria en 2006, s'était ouvert le 4 juin 2007 et achevé le 11 mars 2011.