Une délégation du groupe islamiste Ansar Dine, qui contrôle avec d'autres mouvements armés le nord du Mali, est arrivée vendredi à Ouagadougou pour rencontrer le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, a-t-on appris de sources concordantes.    

« Six éléments d'Ansar Dine sont arrivés aujourd'hui (vendredi) pour rencontrer le président », a déclaré à l'AFP une source sécuritaire proche de la présidence burkinabè.

« On ne sait pas quand (la rencontre) aura lieu, c'est le président qui va décider quand il va les recevoir », a-t-elle ajouté.

Un peu plus tôt, Oumar Ag Ahmed, l'un des porte-parole d'Ansar Dine dans le nord du Mali, avait affirmé à l'AFP : « Nous avons une délégation qui est en route pour Ouagadougou pour rencontrer le médiateur Blaise Compaoré pour parler de la crise ».

Il a précisé que la délégation, dont ne fait pas partie Iyad Ag Ghaly, leader d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam, en arabe), se trouvait déjà sur le territoire du Burkina Faso et que les entretiens avec M. Compaoré allaient porter sur le rétablissement de « la paix dans le nord du Mali ».

M. Compaoré, médiateur de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO), avait rencontré le 9 juin une délégation du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg) qui fait partie des groupes armés occupant le nord du Mali.

À l'issue de sa rencontre avec le chef de l'État burkinabè, la délégation de cette rébellion, qui a unilatéralement proclamé l'indépendance de l'Azawad (nord du Mali), s'était déclarée « disponible » pour des négociations de paix.

Mi-mai, le Burkina avait fait savoir que des consultations, via des émissaires dépêchés dans le Nord malien, avaient démarré avec les groupes armés, dont le MNLA.

Après avoir lancé l'offensive contre l'armée malienne mi-janvier, le MNLA s'est retrouvé ces dernières semaines supplanté sur le terrain par le groupe Ansar Dine et son allié djihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Un projet de fusion entre le MNLA, au départ sécessionniste et laïc, et Ansar Dine, qui prône la charia (loi islamique) dans tout le Mali, a été suspendu en raison de fortes divergences sur la question de l'application de la charia.

Dans la foulée d'un putsch le 22 mars à Bamako qui a renversé le régime du président Amadou Toumani Touré, l'immense région désertique du nord du Mali est tombée aux mains des mouvements armés qui n'ont rencontré aucune résistance de la part de l'armée malienne en déroute, démoralisée et sous-équipée.