Le président béninois Thomas Boni Yayi, président en exercice de l'Union africaine, a une nouvelle fois fait part d'une demande récurrente de l'Afrique d'avoir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, vendredi lors de l'ouverture du NY forum Africa à Libreville.

Le président béninois a proposé lors du forum, qui se déroule dans la capitale gabonaise jusqu'au 10 juin, qu'« en attendant de trouver une solution définitive », ce soit le pays occupant la présidence en exercice de l'UA qui siège au Conseil de sécurité.

« Les cinq membres (permanents) du Conseil de sécurité, lorsqu'ils se réunissent, ont un ordre du jour constitué à 90 % par des questions africaines, alors que l'Afrique n'est pas présente lors de ces débats. Il faut mettre un terme à cela », a affirmé M. Boni Yayi, lors de ce forum qui réunit un millier de participants de 50 pays différents pour réfléchir au développement du continent africain.

Le président Boni Yayi a rappelé qu'à l'horizon 2050 l'Afrique devrait compter deux milliards d'habitants.

Forum et contre-forum

Le New York Forum Africa, qui rassemble des centaines de personnalités autour du développement en Afrique, a été précédé par l'interpellation pendant quelques heures de militants proches de l'opposition qui voulaient organiser un contre-forum des indignés.

Le NY Forum Africa, doit rassembler dans la capitale gabonaise jusqu'au 10 juin, un millier de participants « de 5O pays différents », selon ses organisateurs.

Le forum s'est ouvert vers 16 h (11 h, heure de Montréal) en présence du président gabonais Ali Bongo Ondimba, le président béninois Thomas Boni Yayi, président en exercice de l'Union africaine ainsi que de nombreuses personnalités dont le prix Nobel d'économie 2006, le Bangladais Muhammad Yunus, le premier ministre gabonais Raymond Ndong Sima ou Andrew Young, ancien ambassadeur américain aux Nations Unies.

Six cents « leaders dans les domaines économique, politique ou de l'opinion publique » sont également attendus dont l'économiste et écrivain français Jacques Attali, le sprinter américain Carl Lewis, ou l'astrophysicien malien Cheick Modibo Diarra, premier ministre du Mali.

« L'Afrique n'a pas d'autre choix que de réussir », a déclaré le président gabonais à l'ouverture du Forum.

Le promoteur du Forum, Richard Attias, mari de l'ancienne épouse de l'ex-président de la République française Nicolas Sarkozy, a ouvert les discussions qui se déroulent au palais des congrès.

L'ensemble des conclusions et propositions du Forum devant contribuer au développement de l'Afrique sera soumis au G20 au Mexique (18-19 juin) ainsi qu'au sommet de Rio+20 (20-22 juin), a assuré le promoteur du forum.

Pour les militants de la société civile, qui voulaient organiser un contre-forum des indignés, ce forum n'est qu'« une vaste opération de communication ».

« La situation sociale, économique et politique de notre pays (Gabon) connaît les dérives les plus régressives », relève un opposant gabonais, Gregory Ngbwa Mintsa, interpellé vendredi avec une quarantaine de personnes.

Toutes les personnes ont été libérées en fin de journée, a appris l'AFP auprès de Georges Mpaga, un des leaders de la société civile gabonaise proche de l'opposition qui a affirmé que le contre-forum se tiendrait samedi.

« Tout le monde a été libéré. Nous allons continuer et le contre-forum aura lieu demain (samedi) », a affirmé Georges Mpaga.

Marc Ona, un militant de la société civile pour l'environnement a déclaré avoir été arrêté au moment où il s'apprêtait à entrer dans le collège privé Bessieux où il voulait organiser le contre-forum.

« Nous n'avons pas demandé une autorisation, mais nous avions écrit une lettre pour informer de la manifestation et indiquer qu'on désirait des policiers pour encadrer la manifestation », a-t-il dit.

Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur a déclaré que « M. Marc Ona a tenté d'organiser une manifestation non autorisée (...) Face à ce cas patent de troubles à l'ordre public, M. Ona a été interpellé par la police et s'en est pris violemment aux forces de l'ordre par des jets de pierre répétés, causant quelques blessures parmi les policiers ».

Une source proche du ministère de l'Intérieur a estimé que le mouvement des indignés n'avait « pas d'existence légale ». « Il y a la liberté d'expression au Gabon, mais ils n'ont pas déposé de demande de manifestation. (...) Ils tentent de faire du bruit. Le mouvement n'est pas représentatif », a déclaré cette source.

MM. Ona et Ngbwa Mintsa avaient été détenus pendant 13 jours en 2009 sous le régime d'Omar Bongo. Les deux hommes avaient été accusés en 2009 d'avoir outrepassé leurs rôles de membres de la société civile par le ministre de l'Intérieur de l'époque André Mba Obame, passé depuis dans les rangs de l'opposition.