Le Sénégal s'est doté d'un groupe de travail «pour le suivi de l'affaire Hissène Habré», dans le cadre de son engagement pris en 2006 d'organiser le procès de cet ex-président tchadien réfugié sur son sol et poursuivi pour crimes contre l'humanité, selon un communiqué officiel samedi.

Ce groupe de travail, qui regroupe des autorités judiciaires, pénitentiaires, des droits humains, des avocats et responsables des ministères de la Justice et des Affaires étrangères du pays, a tenu sa première réunion vendredi à Dakar, indique le ministère sénégalais de la Justice dans ce communiqué.

«Sa mission est de réfléchir sur les modalités pratiques de préparation et d'organisation du procès d'Hissène Habré, conformément aux engagements internationaux du Sénégal et avec le soutien de l'Union africaine (UA)», explique-t-il.

Le gouvernement entend ainsi «prendre toutes les dispositions utiles afin de permettre au groupe de travail de s'acquitter de sa mission, au regard des fortes attentes que cette affaire suscite en Afrique et dans le monde».

Il «marque ainsi sa ferme volonté de lutter contre toute forme d'impunité, quelle que soit la personne mise en cause, et ce, dans le cadre d'un procès juste et équitable», ajoute le communiqué.

Hissène Habré vit en exil à Dakar depuis sa chute en 1990 après huit ans au pouvoir (1982-1990). Il est accusé de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et torture. Le Sénégal, qui avait accepté en 2006 de le juger à la demande de l'UA, n'a jamais organisé le procès.

La Belgique avait lancé en septembre 2005 un mandat d'arrêt international contre lui pour «violations graves du droit humanitaire international» et, depuis lors, a fait quatre demandes d'extradition en vue de le juger, en vain.

Cette procédure se base sur une plainte déposée en 2000 par un Belge d'origine tchadienne en vertu d'une loi belge dite de «compétence universelle» pour les crimes de droit international qui autorise notamment les tribunaux à se saisir d'un tel dossier dès lors qu'un citoyen de nationalité belge est concerné.

Selon une commission d'enquête tchadienne, le régime d'Hissène Habré a fait plus de 40 000 morts parmi les opposants politiques et au sein de certains groupes ethniques.