Le Libyen Abdelbaset al-Megrahi, seul condamné pour l'attentat de Lockerbie en 1988 en Ecosse, est décédé dimanche à Tripoli à l'âge de 60 ans des suites d'un cancer, près de trois ans après sa libération en 2009, quand les médecins lui avaient donné trois mois à vivre.

Le Libyen Abdelbaset al-Megrahi, seul condamné pour l'attentat de Lockerbie en 1988 et libéré en 2009 pour raison médicale, a été enterré lundi à Tripoli après sa mort des suites d'un cancer, mais son dossier ne sera pas refermé.

M. Megrahi a été inhumé à 13 h 45, heure locale, en retard d'une demi-heure par rapport à l'heure prévue après que l'ambulance qui transportait son cercueil a été prise dans les embouteillages tripolitains, selon un journaliste de l'AFP.

Il a été enterré dans la discrétion au cimetière de Zaghouani, à Janzour, banlieue ouest de la capitale, en présence de quelques dizaines de proches et quelques journalistes.

Aucune présence de forces de sécurité ou d'officiels libyens n'a été remarquée.

Au moment où le corps allait être déposé dans la fosse, l'un de ses proches a crié: «il est innocent, il est innocent. C'est un Moujahid (combattant de Dieu)».

M. Megrahi est décédé dimanche dans sa maison d'un quartier résidentiel du centre de Tripoli, des suites d'un cancer à l'âge de 60 ans.

«Sa douleur a disparu maintenant. Il est avec Dieu», a déclaré l'un de ses frères Mohammed al-Megrahi, affirmant qu'Abdelbaset avait payé le prix pour un crime qu'il n'avait pas commis.

Abdelbaset al-Megrahi avait été hospitalisé le mois dernier pour une transfusion sanguine, dans un état «très critique», avant de rentrer chez lui auprès de sa famille qui avait alors affirmé que ses jours étaient «comptés».

Né le 1er avril 1952 à Tripoli, marié et père de cinq enfants, M. Megrahi avait été condamné en 2001 à la réclusion à perpétuité pour son implication dans l'explosion d'un Boeing 747 de la Pan Am au-dessus de Lockerbie en Écosse, qui avait fait 270 morts.

Il avait été libéré par la justice écossaise pour des raisons humanitaires en 2009, des médecins ayant diagnostiqué un cancer en phase terminale.

Sa libération avait soulevé une vague d'indignation, en particulier parmi les familles des victimes, d'autant plus qu'il ne semblait plus mourant à son arrivée triomphale à Tripoli, et qu'il a survécu jusqu'ici. Les médecins ne lui avaient donné à l'époque «que trois mois à vivre».

Son enterrement ne devrait pas pour autant clore le dossier de Lockerbie, selon les parties concernées.

«En Libye, il est de notre intérêt de ne pas clore ce dossier et de faire la lumière sur cette affaire. Nous voulons mettre à nu les crimes du (dirigeant défunt Mouammar) Kadhafi qui a porté préjudice à son peuple», a déclaré à l'AFP Mohamed Harizi, porte-parole du Conseil national de transition (CNT) au pouvoir.

M. Harizi a ajouté que Tripoli était prêt à coopérer avec les pays concernés par le dossier pour enquêter sur cette affaire qui continue à faire polémique notamment aux États-Unis et en Grande-Bretagne.

Un frère d'Abdelbaset, Abdelhakim, a dit lundi à l'AFP que la famille appuyait cette démarche des autorités.

«Nous sommes certains de l'innocence d'Abdelbaset. Oui nous voulons la vérité. C'est dans notre intérêt», a-t-il dit.

Le directeur du FBI et le procureur en chef écossais s'étaient rendus fin avril à Tripoli pour discuter avec les autorités libyennes de l'enquête sur l'attentat.

En septembre, le bureau du procureur écossais avait formellement demandé au CNT de l'aider dans l'enquête.

«Une enquête reste ouverte concernant l'implication d'autres personnes» que M Megrahi, seul condamné pour cet attentat, avait rappelé le bureau du procureur écossais.

Le premier ministre écossais Alex Salmond a estimé dimanche que sa mort constituait «la fin d'un chapitre» mais ne refermait «pas le dossier».

Les États-Unis ont jugé de leur côté que sa mort mettait fin à un épisode «malheureux», affirmant qu'ils continueraient à oeuvrer pour obtenir justice pour toutes les victimes de l'attentat.

Des proches des victimes se sont réjouis de la mort d'Abdelbaset al-Megrahi. En revanche, le père d'une des victimes de l'attentat, le Britannique Jim Swire, s'était dit attristé par la mort de Megrahi, qu'il estimait innocent.

En 2003, le régime de Kadhafi avait reconnu officiellement sa responsabilité dans l'attentat et payé 2,7 milliards de dollars d'indemnisation aux familles des victimes.