Le Soudan a accusé mardi le Soudan du Sud d'avoir intensifié son «agression» en occupant de nouvelles zones le long de la frontière contestée, six semaines après le début des combats entre les deux pays voisins.

Près de dix mois après l'accession à l'indépendance du Soudan du Sud le 9 juillet 2011, la frontière entre les deux voisins n'a toujours pas été démarquée.

Cette question est, avec le partage des ressources pétrolières et des accusations réciproques de soutien à des groupes rebelles, au coeur des tensions qui empoisonnent les relations bilatérales depuis la sécession et menacent aujourd'hui de dégénérer en nouvelle guerre ouverte.

«Le gouvernement du Soudan confirme que le Soudan du Sud et son armée s'évertuent à élargir leur agression et occuper par la force des zones (...) disputées», a indiqué le ministère soudanais des Affaires étrangères dans un communiqué à Khartoum.

Les troupes sud-soudanaises ont occupé lundi une zone contestée sur la frontière entre l'État du Darfour, au Soudan, et celui du Bahr el-Ghazal occidental, au Soudan du Sud, après avoir pris un jour plutôt un autre secteur disputé sur la frontière avec le Darfour, a-t-il précisé.

«Le Soudan ne peut tolérer que les troupes d'occupation imposent leur pouvoir», a averti le ministère.

Il a réitéré également ses accusations selon lesquelles les troupes sud-soudanaises mènent des «opérations militaires» dans les États du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu, situés tous les deux au Soudan.

«Il s'agit d'un plan pour poursuivre la guerre et perturber la paix, la sécurité et la stabilité le long de la frontière», a encore dit le ministère.

Plus tôt mardi, l'armée sud-soudanaise avait fait état d'affrontements entre soldats sud-soudanais et forces soudanaises, soutenues par des milices à Hofra, dans la zone pétrolifère de l'État frontalier d'Unité.

L'armée sud-soudanaise a «repoussé les assaillants», a poursuivi le porte-parole de l'armée sud-soudanaise, Philip Aguer, ajoutant que les soldats du Sud se préparaient à d'autres attaques des nordistes contre leurs positions frontalières, dans les régions de Jau et Pariang.

Les Sud-Soudanais avaient accusé lundi l'armée de Khartoum d'avoir mené de nouveaux bombardements sur quatre points de la zone frontalière, des informations démenties par le porte-parole de l'armée soudanaise.

Il n'était pas possible de vérifier, de manière indépendante, ces affirmations sur le terrain.

Les forces soudanaises et sud-soudanaises s'affrontent depuis le 26 mars dans la zone contestée qui sépare les États du Kordofan-Sud et sud-soudanais d'Unité et abrite un important champ pétrolier (Heglig).

Le ton avait monté d'un cran le 10 avril, lorsque l'armée sud-soudanaise s'était emparée de la zone de Heglig. Elle avait annoncé s'en être retirée le 23 avril, Khartoum affirmant de son côté l'en avoir chassée.

La communauté internationale multiplie les pressions pour éviter que les combats ne dégénèrent en un nouveau conflit ouvert après les décennies de guerre civile (1983-2005) entre sudistes et nordistes de l'État alors unifié du Soudan, qui ont fait quelque deux millions de morts.

Le nombre de réfugiés victimes de «pénuries alimentaires» et fuyant les combats au Kordofan-Sud a connu une «augmentation notable» ces dernières semaines, s'est alarmé lundi le Bureau de l'ONU pour la coordination des Affaires humanitaires (OCHA).