Mali: tempête politique dans le désert

Rien ne va plus au Mali, un pays qui, jusqu'à récemment, était un modèle de démocratie dans le Sahel.

En deux semaines, le président élu démocratiquement a été victime d'un coup militaire et les putschistes ont regardé les rebelles touareg déclarer l'indépendance de plus de 60% du pays, sous l'appellation d'Azawad. Ces mêmes rebelles ont pour leur part perdu le contrôle de deux grandes villes du Sahara aux mains de groupuscules islamistes armés. On y rapporte des pillages et des violences de toutes sortes. Plus de 200 000 personnes ont fui la zone du conflit, déjà menacée par une grave crise alimentaire. Quelques repères pour mieux comprendre une crise aux multiples facettes.

LES ACTEURS DU CONFLIT

AMADI TOUMANI TOURÉ

LE PRÉSIDENT RENVERSÉ

Ancien général qui a renversé la dictature de Moussa Traore en 1991, Amadi Toumani Touré a été élu démocratiquement en 2002 et en 2007. Il a été renversé le 21 mars et a accepté de donner sa démission au profit d'un président de transition, Dioncounda Traoré, qui prendra officiellement sa place aujourd'hui.

Le CAPITAINE AMADOU SANOGO

LE PUTSCHISTE

Leader du coup militaire, mené sous la bannière du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'État. Accompagné d'officiers, il a pris le contrôle de l'État en dénonçant le manque de ressources allouées aux soldats qui combattaient la rébellion touareg dans le nord du pays depuis janvier. Boudés par la société civile, les putschistes ont multiplié les gestes improvisés avant d'accepter la passation des pouvoirs à un gouvernement de transition.

MOUVEMENT NATIONAL DE LIBÉRATION DE L'AZAWAD (MNLA)

LES SÉPARATISTES

Ce groupe de rebelles armés prône l'indépendance de l'Azawad, un pays touareg qui couvre tout le nord du Mali. Des milliers de mercenaires touareg sont revenus de la Libye post-Kadhafi pour grossir les rangs de ce mouvement laïque de «libération nationale». Il a déclaré l'indépendance de l'Azawad le 6 avril.

ANSAR DINE

LES ISLAMISTES

Ce groupuscule, dirigé par le Touareg Iyad Ad Ghaly, prône l'établissement de la loi islamique, la charia, dans le nord du Mali, mais sans nécessairement préconiser l'indépendance de la région. Aussi renforcé par le retour de mercenaires de Libye, Ansar Dine a profité du chaos pour prendre le contrôle des principales villes du désert, Gao et Tombouctou, et entretient des liens nébuleux avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).