Au moins 11 civils, en majorité des femmes et des enfants, ont été tués lundi par l'explosion d'une bombe dans un marché de Baïdoa, ex-bastion des islamistes shebab dans le sud de la Somalie, a annoncé un député.

L'attentat n'a pas été revendiqué dans l'immédiat.

Des éléments de la force de l'Union africaine (UA), jusqu'ici cantonnée à la capitale Mogadiscio, s'étaient déployés pour la première fois le 5 avril à Baïdoa, prise aux shebab par les troupes éthiopiennes et les forces gouvernementales somaliennes en février.

«Au moins onze personnes -pour la plupart des femmes et des enfants- ont été tuées par une bombe placée dans un marché fréquenté», a déclaré le député somalien Mohamed Ibrahim Habsade.

«Beaucoup d'autres ont été blessées par l'explosion», a-t-il ajouté, précisant que cet attentat était le plus important depuis que les forces somaliennes avaient repris le contrôle de la ville, située à 250 km au nord-ouest de Mogadiscio.

Selon des témoins, la bombe a explosé près d'une boucherie, peu après l'arrivée dans le marché de soldats somaliens venus faire des courses.

Un témoin, Abdirahman Waney, a indiqué avoir vu une trentaine de blessés, «pour certains grièvement».

«C'est un désastre, j'ai vu les corps découpés d'au moins neuf civils, en majorité des femmes. L'explosion est survenue alors que de nombreuses personnes faisaient leurs courses», a déclaré un autre témoin Adan Hussein.

La perte de leur bastion de Baïdoa a constitué un revers majeur pour les insurgés islamistes shebab, qui avaient déjà dû se retirer de leurs positions à Mogadiscio en août, puis abandonner un autre de leur bastion, Beledweyne, fin décembre, aux forces éthiopiennes et somaliennes.

En difficulté sur le terrain militaire, face aux offensives de la force de l'UA et des troupes éthiopiennes, à la puissance de feu supérieure, les shebab, récemment intégrés au réseau Al-Qaïda, ont promis d'intensifier leur campagne d'attentats.

Ils avaient jusqu'ici essentiellement frappé Mogadiscio, visant particulièrement le gouvernement de transition (TFG).

Six personnes -dont deux des plus importants responsables sportifs du pays- ont été tuées le 4 avril dans un attentat, commis selon le gouvernement par une kamikaze, au cours d'une cérémonie rassemblant certaines des plus hautes personnalités du TFG, au Théâtre national.

Les shebab avaient revendiqué l'attentat, mais nié qu'il s'agissait d'une action-suicide, affirmant avoir placé les explosifs à l'avance.

L'explosion était survenue alors que le premier ministre somalien, Abdiweli Mohamed Ali, venait de prendre la parole. Le Théâtre national avait été rouvert quelques semaines plus tôt, après avoir été fermé durant 20 ans en raison des combats dans la capitale.

Les shebab avaient également revendiqué l'attentat commis le 15 mars par un kamikaze, qui s'était fait exploser à l'intérieur de la Villa Somalia, complexe ultra-sécurisé abritant le palais présidentiel, grâce à la complicité d'un employé de la présidence qui avait péri avec lui.

Outre le kamikaze et son complice, quatre autres personnes avaient été tuées.