Touareg en lutte pour leurs droits, islamistes, trafiquants de drogue et autres criminels: le nord du Mali, vaste région en majorité désertique, berceau des Touareg, est tombé sous le contrôle d'une mosaïque de groupes, aux revendications et intérêts très divergents.

Tous ces groupes ont proliféré à la faveur du retour de Libye de centaines d'hommes -dont d'ex-rebelles touareg- lourdement armés qui avaient combattu au côté du régime libyen de Mouammar Kadhafi jusqu'à sa chute en août 2011.

Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg) est une organisation politico-militaire née peu après, fin 2011, de la fusion de groupes rebelles ayant «pour objectif de sortir le peuple de l'Azawad de l'occupation illégale du territoire azawadien par le Mali».

L'Azawad est le berceau naturel des Touareg, communauté nomade de la bande sahélo-saharienne.

Le MNLA a revendiqué les premières attaques, mi-janvier, de localités proches de la frontière avec l'Algérie, qui se sont poursuivies jusqu'à la chute ces derniers jours des capitales des trois régions administratives du Nord: Kidal et Gao (nord-est), Tombouctou (nord-ouest).

Il est dirigé par Bilal Ag Acherif (secrétaire général) et Mahmoud Ag Aghali (président du bureau politique), selon son site internet.

Également présent sur le terrain, Ansar Dine (défenseur de l'islam, en arabe), mouvement islamiste armé dirigé par Iyad Ag Ghaly, ex-militaire et ex-figure des rébellions touareg des années 1990, mais aussi ancien responsable malien.

Contrairement au MNLA, il prône l'imposition de la charia au Mali et ne réclame pas l'indépendance d'une partie du nord du pays.

De sources concordantes, Ansar Dine est plus implanté dans la région de Kidal, d'où est natif Ag Ghaly, surnommé par ses hommes «Le cheikh».

Ansar Dine a notoirement des liens avec des cellules d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dont des combattants l'appuient.

AQMI, issue de la mue d'un groupe salafiste né en Algérie, dispose depuis 2007 de bases dans le Nord malien, d'où elle commet des attaques et enlèvements d'Occidentaux dans plusieurs pays du Sahel.

Ansar Dine et le MNLA ont combattu ensemble contre l'armée dans des localités du nord-est, Tessalit, Aguelhok et Kidal. D'après les recoupements de l'AFP, une lutte de leadership existe actuellement entre eux.

Si des trois capitales du Nord, Kidal est la ville la moins pillée depuis sa chute, c'est parce que Iyad Ag Ghaly a eu l'autorité nécessaire pour contrôler ses troupes, selon des sources sécuritaires.

Également présents dans le nord du Mali, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), des trafiquants de drogue, ainsi que d'autres groupes criminels uniquement intéressés par l'appât du gain et qui profitent du chaos dans cette région difficile à contrôler pour prospérer.

Le MUJAO prône le djihad en Afrique de l'Ouest et a été présenté comme une dissidence d'AQMI. Il a affirmé avoir participé à la prise de Gao samedi.

«Il y a avait les rebelles touareg du MNLA, le groupe Ansar Dine, les trafiquants de drogue, un groupe armé parlant maure, et les «barbus»», qualificatif utilisé pour désigner les membres d'AQMI, selon Abdou Cissé, député de Gao.

Ansar Dine, mené par Iyad Ag Ghaly, a pris lundi le contrôle de la ville de Tombouctou et en a chassé les rebelles du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), a appris l'AFP auprès de témoins.

«Iyad est venu ce matin avec cinquante véhicules. Ils ont pris la ville, chassé les gens du MNLA qui étaient là, ont brûlé le drapeau du MNLA et ils ont mis leur drapeau au camp militaire de la ville», a affirmé Moussa Haïdara, caméraman qui a filmé l'entrée dans la ville de Iyad Ag Ghaly.

Cette information a été confirmée par des habitants de la ville, dont le responsable d'un des principaux hôtels de Tombouctou.

«Ce lundi, Iyad Ag Ghaly est arrivé avec ses hommes à Tombouctou pour renvoyer les gens du MNLA», a dit cet hôtelier sous couvert de l'anonymat. «Il est venu à l'hôpital pour demander aux infirmiers de travailler, de soigner les gens. Après, Iyad a parlé à la population pour dire de ne pas avoir peur, qu'ils (les membres d'Ansar Dine) sont là pour l'islam, pas pour l'indépendance ou pour faire mal».

Selon le cameraman, «l'adjoint de Iyad, qui parlait en français, a aussi affirmé que parmi» les militants d'Ansar Dine, «il y a des Somaliens, des Nigérians, des Tunisiens et que tous sont pour l'islam».