Les forces éthiopiennes ont pris lundi le contrôle de la ville d'El Bur, principale base des insurgés islamistes somaliens shebab dans le centre de la Somalie, à 300 kilomètres au nord-est de Mogadiscio, ont indiqué des témoins à l'AFP.

Les troupes éthiopiennes sont entrées en ville, munies d'artillerie lourde, après de brefs combats dans les faubourgs de la ville, selon des témoins.

«Les forces éthiopiennes ont pris position à l'intérieur et à l'extérieur de la ville. La plupart des habitants avaient fui avant l'arrivée» des soldats éthiopiens, épaulés par la milice pro-gouvernementale d'obédience soufie Ahlu Sunna Wal Jamaa, a déclaré à l'AFP Abdukadir Sahal, un résidant de Mogadiscio.

«Il y a eu un bref échange de tirs dans les faubourgs mais les shebab ont quitté la zone désormais. Les troupes éthiopiennes sont équipées de camions munis de canons et tractent de l'artillerie lourde», a-t-il ajouté par téléphone.

Un autre habitant, Ahmednur Fodade, a confirmé la prise de la ville. «Il n'y pas eu de combat dans El Bur, mais les combattants shebab ne sont pas très loin dans la zone», a-t-il néanmoins souligné.

Un convoi éthiopien était entré samedi dans la ville de Dhusamareb, contrôlée par Ahlu Sunna Wal Jamaa, avec pour objectif la prise d'El Bur, à 100 km de là.

La prise d'El Bur est un nouveau revers pour les shebab, auxquels les troupes éthiopiennes, entrées en novembre en Somalie, ont déjà pris deux importantes villes dans le sud de la Somalie: leur bastion de Baidoa en février et Hudur le 22 mars.

Ils avaient été contraints en août d'évacuer leurs positions de Mogadiscio, sous pression de la force de l'Union africaine (UA) et des troupes du gouvernement de transition somalien (TFG).

Les shebab, qui contrôlaient encore en début d'année la majorité du sud et du centre de la Somalie sont également sous pression des troupes kényanes, entrées en octobre dans le sud de la Somalie et depuis peu intégrées à la force de l'UA.

Dans une conférence de presse tenue avant la perte d'El-Bur, le porte-parole des shebab a affirmé que les combattants islamistes ne cesseraient pas le combat.

«Les envahisseurs chrétiens ne décourageront pas les moudjahidines de mettre en place la charia (loi islamique) en Somalie; nous allons continuer à combattre et l'ennemi sera défait, si Dieu le veut», a-t-il déclaré.

Les shebab, qui contrôlaient encore en début d'année la majorité du sud et du centre de la Somalie, ont été contraints d'abandonner une partie de ces régions aux troupes kényanes -entrées en octobre en Somalie et depuis peu intégrées à la force de l'Union africaine- et éthiopiennes.

Malgré ces récents revers militaires, les experts avertissent que les shebab sont loin d'être défaits et risquaient de privilégier désormais les actions de guérilla et les attentats.

La Somalie, privée de gouvernement central depuis la chute du président Siad Barre en 1991, est livrée depuis aux gangs criminels, chefs de guerre et milices islamistes et a sombré dans le chaos.

L'armée éthiopienne était déjà intervenue en 2006 en Somalie et avait défait la milice de l'Union des tribunaux islamiques, qui tenait la majeure partie du sud et du centre du pays, mais avait favorisé l'émergence des shebab, une des ailes radicales de ce mouvement.