Les Sénégalais votaient dimanche pour le second tour de la présidentielle entre le chef de l'État sortant Abdoulaye Wade et son ex-premier ministre Macky Sall, qui part favori après avoir rallié toute l'opposition et une grande partie de la société civile.

De longues files d'attente s'étaient formées avant le début du vote à 08H00 (locales et GMT) dans les bureaux visités par l'AFP à Dakar. Près de 5,3 millions d'électeurs sont appelés à voter à ce scrutin dans quelque 11.900 bureaux à travers le pays, qui fermeront à 18H00.

Le Sénégal est souvent cité comme l'un des rares exemples de démocratie en Afrique, en particulier en Afrique de l'Ouest régulièrement secouée par des violences politico-militaires, comme en témoigne le coup d'État qui a renversé jeudi au Mali voisin le président Amadou Toumani Touré.

Thijs Berman, chef des observateurs de l'Union européenne (UE), a noté que «pour l'instant» le vote se «déroule bien», en espérant que le Sénégal montrera «un exemple fort» de démocratie dans la région après ce coup de force à Bamako.

«Tout est bien organisé et nous sommes satisfaits de pouvoir exercer notre droit de citoyen», a déclaré Léonard Diop, la cinquantaine, un des électeurs de l'école primaire Hamadou Mbacké du centre-ville de Dakar, transformé en bureau de vote.

Dans le quartier populaire de Derklé, ce sont plusieurs centaines d'électeurs qui attendaient de pouvoir voter dans les bureaux d'un groupe scolaire.

«Je suis devant le bureau depuis 06H23», a affirmé Ndèye Fall, institutrice, avec précision. «Je souhaite qu'on vote dans le calme et que Macky Sall gagne cette élection parce que les temps sont durs au Sénégal», a-t-elle ajouté.

Candidat à sa propre succession, le président sortant Abdoulaye Wade, 85 ans, au pouvoir depuis 2000, aborde ce second tour dans une position relativement délicate.

S'il est arrivé en tête du premier tour du 26 février avec 34,81% des voix, c'est Macky Sall (26,58%) qui semble rassembler le plus largement.

Âgé de 50 ans, il a obtenu le ralliement des douze candidats éliminés au premier tour qui ont appelé à voter pour lui afin de barrer la route à M. Wade dont ils ont jugé la candidature «anticonstitutionnelle» après deux mandats.



Appels au calme

Macky Sall dispose également du soutien de nombreuses organisations de la société civile, de mouvements de jeunes comme «Y'en a marre» et de personnalités telles que le célèbre chanteur populaire Youssou Ndour.

Accompagné de son épouse, M. Sall a voté dans une école de sa ville de Fatick (centre) où étaient rassemblées des centaines de personnes, électeurs et partisans. Il a salué «la mobilisation» des Sénégalais jusqu'ici constatée un peu partout dans le pays.

La campagne a donné lieu à quelques incidents violents entre partisans des deux candidats, sans commune mesure toutefois avec les manifestations et les violences qui avaient précédé le premier tour du 26 février et avaient fait de six à 15 morts et au moins 150 blessés.

À la veille du vote, plusieurs acteurs de la vie politique et les observateurs ont appelé à ce que le scrutin se déroule pacifiquement.

«Les Sénégalais sont capables d'organiser des élections dans la transparence, dans la paix et la dignité. C'est ce à quoi nous les appelons», a ainsi déclaré El Hadj Amadou Sall, un des responsables de campagne d'Abdoulaye Wade.

Sur le papier, si les appels à voter pour lui des douze candidats éliminés au premier tour sont suivis, Macky Sall peut l'emporter avec plus de 60% des voix, tandis que M. Wade compte quant à lui sur les abstentionnistes du premier tour (48,42%).

Au total, quelque 300 observateurs étrangers surveillent le vote, notamment de l'Union africaine (UA), de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de l'Union européenne (UE).