L'Algérie n'a porté que très peu d'attention, lundi, au 50e anniversaire du cessez-le-feu qui a mis un terme à sa sanglante guerre visant à obtenir son indépendance de la France, tandis que cette dernière a carrément ignoré cet anniversaire incongru.

Mais certains Algériens ont souligné l'événement en réitérant leurs demandes de «légiférer contre le colonialisme».

Les 132 années de l'Algérie à titre de colonie française ont constamment affecté les relations entre les deux pays, qui sont proches mais régulièrement impliqués dans des prises de bec liées à leurs liens passés.

La journée de lundi marquait l'anniversaire, le 19 mars 1962, de la fin du conflit mais aucune des deux nations n'a organisé de cérémonies formelles.

Faisant référence au président français Nicolas Sarkozy, le quotidien algérien El Watan a noté l'absence de commémoration de l'anniversaire par les deux pays à l'aide de l'en-tête «L'Algérie est frileuse, Sarkozy se cache le visage».

Dimanche, la puissante Organisation nationale des moudjahidines, qui regroupe des anciens combattants de l'indépendance, est revenue à la charge pour faire adopter une loi qui traîne au parlement depuis deux ans et qui aurait pour effet de «condamner le passé colonialiste» de la France.

Les partisans d'une telle mesure législative affirment qu'il s'agit d'une riposte à une loi adoptée par le parlement français, en 2005, et que certains perçoivent comme une façon, pour la France, de glorifier ses années à titre de puissance colonialiste.

Le Front de libération nationale, le plus important parti politique au parlement et un héritier direct de l'organisation qui a combattu les Français, a émis un communiqué rappelant sa «position immuable» à l'effet que la France doit s'excuser et reconnaître «ses crimes contre les Algériens».

De son côté, le gouvernement français a annoncé vendredi qu'il n'y aurait aucune célébration officielle de l'événement, parce que cette «date divise et rouvre de profondes blessures d'une douloureuse page de la récente histoire de la France».

Mais cette déclaration contenait une remarque qui s'apparentait à un règlement de comptes.

«Elle (cette date) marque aussi le début du drame pour ceux qui ont été déracinés par la force, et le début de la tragédie ayant touché les harkis, massacrés lors des semaines qui ont suivi», ajoutait la déclaration officielle.

Les Algériens ayant combattu du côté de la France étaient appelés harkis.

Said Abadou, de l'organisation des anciens combattants algériens, a maintenu, dimanche, qu'aucun harki n'avait été tué.