Au moins deux personnes, outre le kamikaze, ont été tuées mercredi à Mogadiscio dans un attentat-suicide, revendiqué par les islamistes somaliens shebab, à l'intérieur du complexe ultra-sécurisé Villa Somalia abritant la présidence somalienne et divers bâtiments officiels.

«Les premières informations font état d'au moins trois morts, dont le kamikaze, et de six blessés dans l'explosion», a déclaré à l'AFP Abdulahi Hasan Barise, un porte-parole de la police somalienne.

Un autre responsable de la police somalienne, Mohamed Adan, a indiqué à l'AFP que le kamikaze s'était fait exploser devant l'entrée de la résidence du président du Parlement somalien de transition, située à l'intérieur du complexe Villa Somalia.

«Les moujahidines ont mené une spectaculaire opération martyr à l'intérieur du palais présidentiel (...) au moins seize personnes ont été tuées», ont affirmé les shebab sur leur compte Twitter.

Le mouvement, récemment intégré à Al-Qaïda, a assuré avoir perpétré l'attentat au moment d'une réunion officielle et ajouté que des responsables gouvernementaux et des soldats progouvernementaux figuraient parmi les victimes.

Le président du Parlement, Sharif Hassan Cheikh Adan, n'était pas à sa résidence au moment de l'attentat, a affirmé de son côté à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, un responsable de sa sécurité.

Le chef de l'État somalien était quant à lui mardi en déplacement à Addis Abeba en Éthiopie, mais il n'était pas possible dans l'immédiat de savoir s'il s'y trouvait toujours mercredi ou s'il avait rejoint Mogadiscio.

Affaiblis sur le terrain militaire, les shebab, qui ont juré la perte du fragile gouvernement somalien de transition (TFG) soutenu à bout de bras par la communauté internationale et les forces de la mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM) avaient menacé mi-février d'intensifier leur campagne d'attentats dans la capitale somalienne.

Déploiement des forces de sécurité

Les forces de sécurité étaient déployées mercredi tout autour de Villa Somalia, a indiqué à l'AFP un témoin Abdi Hassan, juste après l'attentat.

Outre la présidence somalienne et la résidence du président du Parlement, Villa Somalia accueille également les bureaux du premier ministre somalien et de plusieurs responsables du TFG, ceux du chef de l'agence nationale de sécurité, le quartier général de la police et les bâtiments de Radio Mogadiscio.

C'est l'un des lieux les plus sécurisés de Mogadiscio, l'une des capitales les plus dangereuses du monde.

La Somalie est dépourvue d'autorité centrale depuis l'effondrement du régime du président Siad Barre en 1991 et l'instabilité politique alimente depuis deux décennies une violence permanente dans le pays, notamment à Mogadiscio.

Les shebab ont multiplié les attaques-suicide ou à la grenade dans la capitale depuis qu'ils y ont abandonné en août leurs positions, sous la pression des forces du TFG et de l'AMISOM.

Le 8 février, ils avaient revendiqué un attentat contre un café, voisin d'un hôtel réputé héberger des députés et responsables somaliens et situé non loin de Villa Somalia, qui avait tué au moins 15 personnes.

Outre les troupes du TFG et de l'AMISOM, les rebelles islamistes, qui contrôlent encore une partie du sud et du centre de la Somalie, sont également sous la pression croissante des armées kényane dans le sud et éthiopienne dans l'ouest.

Les soldats éthiopiens les ont contraint mi-février à abandonner la ville de Baïdoa, un de leurs bastions, dans le sud-ouest du pays.

S'ils semblent en difficulté sur le terrain militaire, les experts avertissent que les shebab sont loin d'être défaits et pourraient désormais privilégier les actions de guérilla et les attentats.

L'attentat récent le plus meurtrier à Mogadiscio reste l'explosion en octobre d'un camion piégé contre un complexe ministériel qui avait tué au moins 82 personnes.