Des combats ont opposé jeudi l'armée malienne à des rebelles touareg à Anderamboukane, localité du nord-est du Mali située à la frontière avec le Niger, région où trois villes avaient été attaquées la semaine dernière par la rébellion touareg, a appris l'AFP de sources concordantes.

Les deux camps, armée et rébellion, ont indiqué que les combats étaient terminés, chacun affirmant désormais contrôler la ville.

«Nous avons attaqué Anderamboukane ce matin», a déclaré Moussa Salam, porte-parole du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), ce qu'a confirmé un habitant d'Anderamboukane, tous deux joints par téléphone depuis Bamako.

La localité d'Anderamboukane est située à 96 km au sud de Ménaka, première ville attaquée par le MNLA, le 17 janvier. Le lendemain, Aguelhoc (ou Aguelhok) et Tessalit, plus au nord et proches de la frontière algérienne, avaient à leur tour été visées. Ces villes avaient été reprises par l'armée, selon des témoins et le gouvernement malien.

«Les combats sont terminés à Anderamboukane, le MNLA a pris le contrôle de la ville», a affirmé Moussa Ag Assarid, chargé de la communication et des affaires humanitaires du mouvement.

Moussa Salam a précisé que les rebelles «contrôlent le camp militaire de Anderamboukane» et ont «récupéré quatre véhicules blindés et (d')autre matériel militaire». «Nous avons aussi huit prisonniers militaires. L'armée du Mali n'a pas résisté à notre force de frappe», a-t-il ajouté.

Ces propos ont été catégoriquement démentis par un responsable militaire malien basé au poste de commandement opérationnel de l'armée à Gao (nord-est).

«L'armée malienne n'avait aucun blindé sur place, et on maîtrise la situation à Anderamboukane. Les assaillants sont en déroute. Les hélicoptères sont intervenus, et ça a été la débandade dans les rangs des assaillants», a-t-il dit. «Il n'y a plus de combats», a-t-il ajouté en affirmant que les rebelles «sont incapables de prendre et de se maintenir dans une ville».

Selon lui, «l'heure n'est pas aux négociations, nous défendrons notre pays, et nous les attaquons désormais».

Lors d'une réunion mardi à Nouakchott de pays sahélo-sahariens, le ministre malien des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga, avait affirmé que «toutes les villes du nord du Mali» étaient «sous le contrôle de l'armée».

Selon Moussa Ag Assarid, il y avait cependant jeudi «des combats à Tessalit», afin de permettre aux rebelles de «maîtriser complètement la ville».

Ce responsable du MNLA a par ailleurs affirmé que «pendant cinq jours» les rebelles ont «voulu évacuer quatre blessés à Ménaka sur l'Algérie, mais les Algériens ont refusé».

Selon le ministère malien de la Défense, les combats des 17 et 18 janvier ont fait plusieurs dizaines de morts, essentiellement des rebelles. Il a parlé de «plusieurs rebelles» et un soldat tués à Ménaka, puis 47 morts, dont deux militaires à Aguelhoc et Tessalit. Ce bilan a été réfuté par la rébellion, qui a assuré avoir infligé de lourdes pertes à l'armée.

Le MNLA souhaite «la libération, l'indépendance et la création d'un État de l'Azawad», région naturelle du Mali s'étendant de Tombouctou à Kidal  et considérée comme le berceau des Touareg.

Le retour de centaines d'hommes armés de Libye, essentiellement des Touareg, a accéléré la reprise de la rébellion dans le Nord malien qui avait pris fin en 2009.

Le nord du Mali, vaste région quasi-désertique difficile à contrôler, sert depuis plusieurs années de «sanctuaire» à des unités combattantes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) d'où elles rayonnent dans d'autres pays de la bande sahélo-saharienne, Mauritanie, Niger et Algérie.

Le ministre français de la Coopération, Henri de Raincourt, a affirmé jeudi qu'il «faut faire une différence entre les difficultés nées de la situation des Touareg et des relations avec le pouvoir central» et Aqmi.

«Ce n'est pas la même chose, d'ailleurs les deux ne collaborent pas ensemble, ne travaillent pas ensemble», a-t-il dit.