Une spectaculaire série d'attentats et fusillades visant la police et l'immigration à Kano, deuxième ville du Nigeria, ont fait au moins huit morts vendredi, dont l'auteur d'un attentat suicide, ont rapporté plusieurs sources.

Ces violences n'ont pas été revendiquées, mais elles surviennent dans le contexte d'une vague d'attentats et attaques fin décembre attribués au groupe islamiste Boko Haram.

Il était encore impossible d'établir un bilan complet, mais au moins sept personnes, dont un journaliste nigérian, plus un kamikaze, ont trouvé la mort dans les attentats et fusillades vendredi qui ont plongé en début de soirée la principale ville du nord du Nigeria dans le chaos, ont rapporté des témoins et la police.

Trois policiers ont été tués dans un attentat suicide visant un QG régional de la police, a déclaré à l'AFP une source policière ayant requis l'anonymat.

«Nous avons perdu trois de nos hommes» du service des passeports, a de son côté indiqué à l'AFP le porte-parole local de l'immigration, Mohammed Kanoma.

Un correspondant de la chaîne de télévision privée nigériane Channels a également été tué par balle, selon un témoin. Des collègues du journaliste ont indiqué à l'AFP avoir été informés de son décès.

La police nigériane a confirmé dans la soirée qu'une «attaque coordonnée» avait visé huit sites à Kano, dont le QG régional de la police, un bureau des services de renseignement, plusieurs commissariats et deux antennes de l'immigration.

Un couvre-feu a été instauré dans l'État de Kano, dont la ville du même nom est la capitale.

Une vingtaine de déflagrations ont été entendues vers 17h15 en l'espace de quelques minutes, selon le correspondant de l'AFP.

Des tirs ont aussi retenti et des habitants ont fui en voiture et à moto.

«La situation est terrifiante là où nous sommes. Des bombes explosent dans le quartier général de la police, et il y a des tirs entre la police et des assaillants armés», a dit un habitant.

«Actuellement, il y a des échanges de tirs nourris entre les personnels de l'immigration et de la police, et les assaillants, et des bombes explosent dans l'intervalle», a déclaré à l'AFP un témoin dans le quartier Marhaba, joint au téléphone en début de soirée. «Mes vêtements sont maintenant couverts de sang, car j'ai dû aider à évacuer une personne blessée durant la fusillade», a-t-il ajouté.

A Unguwa Uku, un autre habitant a déclaré avoir entendu «plusieurs explosions au commissariat de police Yar Akwa. Les gens courent pour sauver leur vie. C'est chaotique».

Une explosion a secoué un bâtiment abritant une antenne des services de renseignement de la police (SSS), selon une habitante. «De ma fenêtre, je vois d'énormes colonnes de fumée noire s'échapper du bâtiment», a-t-elle témoigné.

Un porte-parole de l'agence nationale de gestion des urgences (NEMA), Yushau Shuaib, a indiqué que les secouristes évacuaient les victimes vers des hôpitaux, sans pouvoir fournir de bilan.

De nombreuses attaques meurtrières, attribuées à la secte islamiste Boko Haram et souvent revendiquées par elle, ont secoué le pays ces derniers mois.   Elles ont essentiellement touché le nord-est et Kano avait jusqu'à présent été épargnée.

Le président Goodluck Jonathan a décrété l'état d'urgence dans des parties de quatre États le 31 décembre, après une vague d'attentats attribués à Boko Haram qui ont fait plusieurs dizaines de morts. Kano n'est pas concerné par la mesure.

La secte islamiste a revendiqué des attentats visant en particulier des églises le jour de Noël. Le plus meurtrier a fait 44 morts dans une église catholique près d'Abuja, la capitale. Elle avait aussi revendiqué l'attentat suicide d'août 2011 contre le siège des Nations unies à Abuja (25 morts).

Les récentes violences ont fait craindre des représailles de chrétiens et une escalade des violences interconfessionnelles.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique et premier producteur de pétrole du continent, compte 160 millions d'habitants, dont environ autant de musulmans, majoritaires dans le nord, que de chrétiens, plus nombreux dans le sud.