Cinq étudiantes ont entamé une grève de la faim mercredi à Tunis pour revendiquer le port du niqab durant les examens, faisant monter d'un cran la tension à l'université quand dans le même temps resurgit la contestation sociale en province, a-t-on constaté.

La grève a été annoncée à la presse par Mohamed El Bakhti, porte-parole d'un groupe salafiste très actif à la Faculté des Lettres de la Manouba. Selon lui, les cinq étudiantes observeront une grève «illimitée» en dehors de la faculté, dans un «lieu privé sous surveillance médicale».

Pendant ce temps, a-t-il ajouté, le groupe poursuivra son sit-in de protestation dans l'enceinte de l'établissement.

Le doyen de cette faculté, Habib Kazdaghli, a indiqué mercredi à l'AFP qu'il allait demander l'évacuation du groupe de protestataires avant le démarrage des examens semestriels prévu le 24 janvier, soit avec trois semaines de retard.

«Nous allons nous mobiliser pour cela, tout le corps enseignant, y compris les professeurs retraités sont volontaires pour prêter main-forte durant la période d'examens» et sauver l'année pour les 1300 étudiants inscrits.

Quatre cours ont été suspendus mercredi, des salafistes ayant voulu forcer l'entrée en salle de cours d'une étudiante en niqab, un voile noir dissimulant entièrement le corps et le visage, interdit par le conseil scientifique de la faculté.

«Les conditions d'examens ne seront pas bonnes tant que ce groupe agira impunément sur le campus, perturbant le déroulement des épreuves par leurs discours, chants et appels à la prière par haut-parleurs», a noté M. Kazdaghli.

Ces partisans du niqab avaient occupé les locaux de la faculté, obligeant la direction de l'établissement à suspendre les cours du 6 décembre au 9 janvier.

Par ailleurs, la presse a fait état de violences à la faculté des Lettres de Sousse (140 km au sud-est de Tunis) entre des étudiants islamistes et leurs camarades de gauche, ces derniers observant un sit-in pour réclamer une bourse.

À Jendouba (nord-ouest de Tunis), l'une des nombreuses régions touchées par le chômage, où la contestation s'amplifie, trois gendarmes ont été blessés et leur véhicule endommagé mercredi par des pierres lancées par des habitants, lorsqu'ils ont tenté de dégager une route bloquée par des lycéens en colère.