Le président nigérian Goodluck Jonathan a annoncé samedi qu'il a déclaré l'état d'urgence dans des zones en proie à des violences attribuées à la secte islamiste Boko Haram et a décidé la fermeture d'une partie des frontières terrestres, dans un discours radiotélévisé.

«Alors que la recherche de solutions durables est en cours, il est devenu impératif de prendre les mesures nécessaires au retour à la normale dans le pays et en particulier dans les zones affectées (par les violences). En conséquence, j'ai déclaré l'état d'urgence dans certaines zones» des États de Yobe, de Borno, du Plateau et du Niger, a déclaré M. Jonathan.

Le président nigérian a aussi déclaré avoir «ordonné la fermeture des frontières avec les pays voisins des zones en proie aux violences et demandé le contrôle des activités terroristes transfrontalières.»

Ces mesures concernent le nord-est du pays, qui a des frontières avec le Niger, le Cameroun, et le Tchad.

Elles sont nécessaires «car les terroristes ont su tirer profit de la situation pour frapper le Nigeria avant de se replier hors de portée de notre système de justice», a expliqué M. Jonathan.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec environ 160 millions d'habitants, a été frappé dimanche, jour de Noël, par plusieurs attentats meurtriers attribués par les autorités à Boko Haram, qui les a revendiqués.

44 personnes ont été tuées par un attentat à la bombe à la sortie de la messe de la nativité à l'église catholique Sainte Teresa de Madalla, faubourg de la capitale Abuja, un policier a été tué dans une fusillade après l'attaque d'une église à Jos et trois agents des services de renseignement de la police ont péri dans l'assaut d'un kamikaze, décédé, à Damaturu.

Boko Haram, accusée d'avoir tué des centaines de personnes au Nigeria, «a grossi comme un cancer» qui veut «tuer» le pays, avait déclaré auparavant le président Goodluck Jonathan à Madalla.

Boko Haram «était d'abord un groupe inoffensif qui a grossi comme un cancer. Et le Nigeria, étant le corps, ils veulent le tuer. Mais personne ne les laissera faire», a-t-il affirmé au cours de sa visite de l'église catholique Sainte Teresa.

«Certains exploitent la situation à leur avantage. Mais une attaque terroriste visant n'importe quelle partie de la nation est une attaque contre nous tous. Tous ensemble, nous allons les contrôler puis les écraser», a ajouté M. Jonathan.

Ces déclarations publiques sur le lieu de l'attentat sont les plus dures prononcées récemment par le président nigérian à l'encontre de Boko Haram et de ses actions depuis 2009.

Madalla est situé à une quarantaine de kilomètres au nord d'Abuja, la capitale fédérale, dans la municipalité de Suleija.

«Toutes les attaques terroristes dans l'État du Niger ont lieu à Suleija. On va secouer les autorités locales de Suleija», a affirmé le président nigérian. Si des institutions ou des personnes favorisent la criminalité, «nous allons nous occuper d'eux sérieusement», a-t-il martelé.

Les évêques catholiques ont appelé samedi le président Jonathan à faire appel «à des experts étrangers pour aider les agents de sécurité à en finir immédiatement avec la menace Boko Haram», dans un communiqué signé de l'archevêque Félix Alaba Job

Ces derniers mois, Boko Haram a revendiqué de nombreuses attaques, dont l'attentat suicide d'août 2011 contre le siège de l'ONU à Abuja qui avait tué 25 personnes.