L'ANC, au pouvoir en Afrique du Sud, est loin d'être débarrassé du turbulent leader de sa branche jeunesse, Julius Malema, qui a été élu mardi au sein des instances provinciales du parti dans le Limpopo (nord) malgré les sanctions à son encontre au plan national.

Sous le coup d'une suspension pour cinq ans dont il a fait appel, le jeune tribun de 30 ans, source d'inquiétude pour les milieux d'affaires, a été élu membre du comité exécutif provincial de l'ANC du Limpopo, sa région d'origine dirigée par l'un de ses soutiens.

Un millier de délégués de l'ANC du Limpopo sont rassemblés depuis samedi en congrès provincial à Polokwane.

La réunion a déjà semé le trouble après que les délégués ont choisi de réélire dimanche à la tête de leurs instances un adversaire déclaré du président Jacob Zuma, Cassel Mathale, qui est aussi le chef du gouvernement provincial du Limpopo.

De plus, des chansons satiriques raillant M. Zuma ont aussi été entonnées durant le congrès, et on a vu un Malema, goguenard, reprendre à la tribune le «chant de la douche», des couplets inventés pour se moquer de M. Zuma.

La douche fait référence aux propos controversés de Jacob Zuma en 2006 quand il avait déclaré qu'il s'était débarrassé du virus du sida en prenant une douche après un rapport non protégé avec une jeune séropositive. Depuis, il est souvent représenté la tête surmontée d'un pommeau de douche par le célèbre caricaturiste national Zapiro.

Au congrès, les chanteurs mimaient une douche pendant la chanson.

Dès lundi, la presse sud-africaine a considéré le congrès du Limpopo comme un signe de plus des divisions rongeant l'ANC, à la veille des célébrations de son centenaire début janvier.

Personnage au départ folklorique, Malema en est venu à inquiéter la vieille garde de son parti, à cause de son discours populiste parfois anti-Blancs.

L'ANC tiendra en décembre 2012 un congrès au cours duquel M. Zuma devrait se représenter, assurant en principe, s'il est reconduit comme président du parti, sa réélection comme président de l'Afrique du Sud en 2014.

Malema, soutien de M. Zuma en 2008, est désormais en conflit ouvert avec le président, s'appuyant sur la frustration des plus pauvres qui peinent à voir les bénéfices économiques de la fin de l'apartheid.