La Mauritanie a appelé dimanche à ne pas payer de rançons pour faire libérer les otages européens détenus dans le Sahel par la branche maghrébine d'Al-Qaïda, lors d'une réunion à Nouakchott de ministres de la Défense de dix pays d'Europe du Sud et d'Afrique du Nord.

«Je demande à tous de travailler pour le tarissement des sources du terrorisme et d'acculer les preneurs d'otages dans leurs derniers retranchements en s'abstenant de payer des rançons», a déclaré Ahmedou Ould Idey, ministre mauritanien de la Défense, à l'ouverture de cette réunion.

Elle a réuni les ministres de la Défense du groupe «5+5» du pourtour méditerranéen: Espagne, France, Italie, Malte et Portugal pour l'Europe du Sud, Algérie, Libye, Tunisie, Maroc et Mauritanie pour l'Afrique du Nord.

Cette rencontre était la première depuis les changements de régime dans deux des pays du groupe, Libye et Tunisie, et la victoire des islamistes aux législatives de novembre au Maroc.

Les ministres se sont entendus sur la création d'un «état-major non permanent pour des interventions en cas de crises» humanitaires ou de catastrophes, et ont adopté un «plan d'action» pour 2012 prévoyant «des actions de formation, d'échanges, ainsi que des exercices et des entraînements en commun».

Ils ont évoqué les moyens de renforcer la lutte contre l'insécurité dans le Sahel provoquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui y a récemment multiplié les enlèvements, et la prolifération d'armes issues du récent conflit libyen.

Youssef Ahmed Al-Maghouch, secrétaire général du ministère libyen de la Défense qui représentait son pays, a affirmé que les armes des ex-rebelles qui ont pris le pouvoir «sont entre des mains sûres» et «ne constituent aucun danger pour la stabilité et la sécurité de la Libye».

Il a réfuté les affirmations sur l'existence de «jihadistes et de terroristes présumés» au sein des ex-rebelles et du Conseil national de transition (CNT, au pouvoir) qui a mené la lutte ayant abouti à la chute de Mouammar Kadhafi.

«La France n'est pas acteur»

Outre les activités d'Aqmi, la révolution libyenne a provoqué le retour au Mali et au Niger de centaines d'hommes lourdement armés, essentiellement des Touareg, qui avaient combattu aux côtés des forces de Kadhafi, accentuant l'instabilité dans le Sahel.

Au total, douze Européens, dont six Français, y sont retenus en otage par Aqmi et un groupe dissident.

«Nous gardons, par tous moyens appropriés, le maximum de canaux d'informations et, le cas échéant, de négociations», a déclaré Gérard Longuet, ministre français de la Défense.

Ahmedou Ould Idey a réaffirmé la détermination de la Mauritanie à faire face «aux défis sécuritaires dans la région».

M. Longuet a salué «le sens de la responsabilité de la Mauritanie» qui a mené depuis 2010 des raids contre des bases d'Aqmi dans le nord du Mali, réaffirmant qu'elle pouvait compter sur «le soutien» de Paris.

Selon lui, la sécurité dans le Sahel est avant tout «l'affaire des États» de la région. «La France n'est pas acteur, elle n'a pas de responsabilité directe, elle souhaite que les pays concernés, riverains, s'engagent, et ne peut pas le faire en leur lieu et place», a-t-il affirmé.

La réunion de Nouakchott s'est tenue juste après la revendication par Aqmi de l'enlèvement de cinq otages européens (deux Français, un Sud-africain ayant aussi la nationalité britannique, un Suédois et un Néerlandais) les 24 et 25 novembre à Hombori et Tombouctou, dans le nord du Mali.

Un groupe dissident d'Aqmi, le Mouvement unité pour le Jihad en Afrique de l'Ouest, a revendiqué samedi l'enlèvement fin octobre à Tindouf, dans l'ouest de l'Algérie, de trois coopérants de nationalité espagnole et italienne.

La lutte antiterroriste est également à l'ordre du jour de la visite à Alger du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.