La Haute cour administrative du Caire a jugé légales lundi les candidatures d'anciens du parti du président déchu Hosni Moubarak pour les législatives qui débutent le 28 novembre prochain.

La Cour, dont la décision a une valeur nationale, a cassé un jugement rendu la semaine dernière par un tribunal local, qui avait jugé ces candidatures invalides.

Cette décision intervient alors que la campagne électorale a déjà débuté, avec de nombreux anciens du Parti national démocrate (PND) de M. Moubarak se présentant comme indépendants ou sous diverses étiquettes politiques.

Le PND a été dissous après la démission le 11 février de M. Moubarak, poussé au départ par une révolte populaire et une absence de soutien de la hiérarchie militaire égyptienne, qui assure aujourd'hui le pouvoir.

Les biens de ce parti, dont le siège dans le centre du Caire a été incendié durant la révolte, ont été saisis et nombre de ses anciens dirigeants, à commencer par M. Moubarak lui-même, sont en jugement ou en attente de comparaître.

Réputé fort de quelque trois millions de membres, le tentaculaire parti au pouvoir contrôlait l'administration, le Parlement, les municipalités et de nombreuses entreprises.

D'anciens adhérents du PND ont toutefois depuis rejoint ou formé d'autres partis, et certains anciens élus locaux autrefois proches de M. Moubarak se présentent dans les circonscriptions comme des candidats sans affiliation politique.

Les élections législatives qui commencent le 28 novembre sont les premières depuis la chute de M. Moubarak. Elles débuteront par l'Assemblée du peuple  (chambre des députés) pour se poursuivre avec la Choura (Sénat). L'ensemble de ce processus électoral durera près de quatre mois.

L'armée quant à elle a promis de rendre le pouvoir aux civils par la suite, une fois adoptée une nouvelle constitution et élu, à une date non encore connue, un nouveau président.

La présence de candidats de l'ancien parti dirigeant fait l'objet d'un vif débat en Égypte, entre ceux qui redoutent de voir les responsables de l'ancien système remis en selle, et ceux qui estiment leur présence normale dans un contexte de concurrence démocratique.

Un système électoral très favorable aux candidatures indépendantes, supposé avantager les ex-PND, a dû être amendé en octobre face aux critiques de nombreux partis et mouvements, en particulier les Frères musulmans.

De multiples initiatives ont été lancées pour contrer ces candidatures, notamment sur internet. L'une d'elles, intitulée «Emsek Feloul» («attrapez un vestige») vise à démasquer les proches de l'ancien pouvoir qui voudraient se faire élire en cachant leurs anciennes sympathies politiques.