Une attaque menée par des troupes soudanaises contre une base militaire du Soudan du Sud, dans l'État pétrolier du Haut Nil, a fait jeudi 18 morts parmi les soldats et 73 blessés a indiqué vendredi un porte-parole de l'armée du Soudan du Sud.

L'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) a en outre indiqué s'attendre à de nouvelles attaques, accusant le Soudan voisin de tenter de prendre le contrôle des champs pétroliers du Sud.

«Il y a eu des combats à Kuek après une attaque visant notre base menée par les Forces armées soudanaises et des mercenaires», qui a débuté jeudi vers 9h (1h, heure de Montréal) et a duré sept heures, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la SPLA, Philip Aguer.

«De notre côté, nous avons cinq morts et 26 blessés, et du leur, nous avons compté 13 corps et ils ont 47 blessés», a-t-il précisé.

«Nous avons repoussé l'attaque, et les assaillants ont été repoussés jusqu'à la république soudanaise, à la frontière avec l'État du Nil blanc», a indiqué M. Aguer.

Le porte-parole de l'armée soudanaise n'était pas joignable pour commenter ces informations. Jeudi, il avait démenti toute attaque des forces armées soudanaises contre des territoires situés dans le nouvel État du Soudan du Sud.

M. Aguer a dit s'attendre à de nouvelles attaques, reprenant l'argument développé jeudi par le président sud-soudanais, Salva Kiir, qui avait accusé le Soudan de vouloir prendre le contrôle des champs pétroliers.

M. Kiir a affirmé jeudi que le Soudan l'accusait de soutenir des rebelles le long de leur frontière commune pour justifier des «actions en cours» contre Juba et faire replonger le pays nouvellement indépendant dans des «guerres sans aucun sens».

Jeudi, douze personnes ont été tuées et plus de 20 autres blessées dans une attaque aérienne menée par l'armée soudanaise contre un camp de réfugiés au Soudan du Sud, selon des responsables sud-soudanais.

L'armée soudanaise a lancé depuis plusieurs mois des opérations contre des rebelles au Nil Bleu et au Kordofan-Sud, deux États du Nord mais frontaliers du Sud et dont une partie de la population a combattu au côté des Sudistes pendant la guerre civile (1983-2005, 2 millions de morts).

Khartoum accuse régulièrement Juba de soutenir ces rebelles, en les finançant ou en les accueillant sur son sol, ce que le Soudan du Sud dément.

L'ONU réclame une enquête

Le Haut-commissaire pour les droits de l'homme de l'ONU a demandé vendredi une enquête après le bombardement d'un camp de réfugiés jeudi au Sud Soudan, car il pourrait s'agir d'un crime international, selon un communiqué à Genève.

Il faut «une enquête indépendante et crédible pour établir les circonstances exactes de ce bombardement aérien», a déclaré Mme Navi Pillay, Haut-commissaire pour les droits de l'homme.

«Et s'il est prouvé qu'un crime international ou que de sérieuses violations des droits de l'homme ont été commis, leurs responsables devront être traduits en justice», a-t-elle ajouté.

La responsable des droits de l'homme a également fait part de son inquiétude devant les attaques persistantes dans la région de Kordofan, au Soudan.

«La dernière attaque risque d'aggraver encore plus une situation déjà très tendue», a indiqué Mme Pillay, qui a lancé un appel à une cessation immédiate de toutes les attaques.

Pour sa part, le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés n'a pas hésité à titrer dans un communiqué «le HCR condamne le bombardement par le Soudan d'un camp de réfugiés dans la République du Soudan du Sud».

«Plusieurs bombes larguées par avion dans la région de Yida ont eu un impact sur un camp temporaire qui abrite 20 000 réfugiés qui ont récemment fui la violence (...) au Kordofan-Sud», a déclaré aux journalistes un porte-parole du HCR, Adrian Edwards.

«Deux des bombes sont tombées dans le camp de Yida, dont une près d'une école. Heureusement il n'y a pas eu de blessés dans le camp et nous vérifions la situation dans les communautés voisines», a-t-il rapporté.