Le Nigeria est sur le qui-vive depuis quelques jours. Le nord du pays a encore subi, vendredi dernier, une attaque des militants de Boko Haram, secte islamiste soupçonnée d'être liée à Al-Qaïda. Regard sur une ancienne organisation terroriste locale, qui attire désormais l'attention du monde entier.

Nom: Boko Haram

Nature: Secte islamiste nigériane. Ses membres sont surnommés «les talibans du Nigeria».

Mission: Boko Haram signifie «l'éducation occidentale est un péché» en langue haoussa, la plus parlée dans le nord du Nigeria, à majorité musulmane, où la secte a sa base. Boko Haram réclame l'établissement d'un État islamique au Nigeria.

Leader spirituel: Mohammed Yusuf, jeune prédicateur qui a fondé la secte en 2002 dans l'une des régions les plus pauvres du pays. L'homme a été tué en 2009, alors qu'il était aux mains de la police après avoir appelé quatre États à l'insurrection. La secte a promis de venger sa mort.

Contexte: Environ la moitié des Nigérians sont musulmans (majoritaires dans le Nord), et l'autre moitié sont chrétiens (majoritaires dans le Sud). Les autorités fédérales sont laïques, mais douze États ont instauré la charia - même si seulement deux l'appliquent rigoureusement. Selon l'analyse de l'International Crisis Group (ICG), l'application de la charia a été approuvée non seulement par les musulmans, mais aussi par des chrétiens qui avaient perdu confiance dans les autorités laïques. L'organisation précise également que les appels à l'établissement d'un «État islamique» au Nigeria, même s'ils «ne doivent pas être pris trop au sérieux», témoignent néanmoins d'une insatisfaction politique et sociale des habitants du Nord.

Photo: Archives AFP

Le leader spirituel de Boko Haram, Mohammed Yusuf, après sa capture en 2009. Il est mort quelques jours plus tard.

Actes revendiqués: En 2003 et 2004, Boko Haram a commencé à attaquer plusieurs postes de police pour s'emparer des armes. En 2009, quelque 700 personnes sont mortes dans des combats dans la ville de Maiduguri. Au printemps dernier, après les élections générales, Boko Haram a revendiqué d'autres attentats. Le 26 août dernier, un attentat suicide contre le siège de l'ONU dans la capitale, Abuja, a tué 24 personnes. Et à Damaturu, vendredi dernier, au moins 150 personnes ont été tuées et une centaine ont été blessées quand des postes de police et des églises ont été attaqués.

Affiliations: Malgré les sérieux doutes qui planent sur des liens entre Boko Haram et Al-Qaïda au Maghreb islamique, les preuves restent à faire. Le leader Mohammed Yusuf a été arrêté en 2009 pour des liens présumés avec Al-Qaïda, rappelle l'ICG, mais aucune preuve n'a été déposée. Boko Haram serait aussi liée aux shebab somaliens, qui auraient formé certains de ses membres.

Craintes: «La vérité, c'est que nous avons affaire à une insurrection armée», a déclaré Shehu Sani, directeur d'une ONG de défense des droits de l'homme, Civil Rights Congress. L'ambassade des États-Unis au Nigeria a dit craindre que de nouveaux attentats puissent toucher Abuja. Quelque 13 000 soldats ont été déployés au cours des derniers jours dans la capitale. Des points de contrôles ont été dressés aux abords de grands hôtels d'Abuja pouvant être la cible d'attaques.

LE NIGERIA EN CHIFFRES

162 millions d'habitants (pays le plus peuplé d'Afrique)

50% de musulmans

48% de chrétiens

Photo: Archives AFP

Des membres de  la secte Boko Haram lors de leur arrestation en 2009. Boko Haram signifie «l'éducation occidentale est un péché» en haoussa, langue la plus parlée dans le nord du pays.