L'Afrique pourrait connaître «davantage de place Tahrir» si les droits de l'Homme restent à la traîne du progrès économique, a mis en garde l'homme d'affaires Mo Ibrahim lors de la remise à Londres du prix éponyme à l'ex-président du Cap-Vert Pedro Pires.

«Si les progrès économiques ne se traduisent pas par une amélioration de la qualité de vie et de respect des droits des citoyens, nous allons assister à davantage de place Tahrir», a prévenu l'homme d'affaires britannique d'origine soudanaise, en référence au lieu emblématique de la révolte égyptienne de 2011 contre le régime du président Hosni Moubarak.

«La tendance générale en Afrique est au déséquilibre», constate un communiqué de la Fondation Mo Ibrahim qui publie depuis 5 ans un indice basé sur 4 catégories: développement économique, développement humain, sécurité et droits de l'Homme.

«L'Afrique a montré une bonne résistance à la crise financière et c'est vraiment encourageant», a commenté Mo Ibrahim. «Nous avons vu de bons taux de croissance».

Mais «le développement doit être équitable et il ne suffit pas de faire croître l'économie tout en privant les citoyens de leurs droits», a-t-il souligné.

Certes, 38 pays ont amélioré leur score dans le domaine du développement économique et aucun n'a reculé de manière significative. Mais 39 pays ont reculé en matière de droits de l'Homme et 36 «en matière de sécurité et souveraineté du droit».

«Nous avions déjà remarqué l'an dernier une stagnation dans le domaine des droits de l'Homme et du droit et, cette année, cette tendance est confirmée», a commenté Mo Ibrahim.

«Ce n'est pas acceptable. S'il vous plait, dirigeants africains, faites preuve d'intelligence. La place Tahrir peut se produire dans votre pays - et va se produire, comme nous l'enseigne l'Histoire, quand il y a un tel déséquilibre dans le développement», a lancé l'homme d'affaires.

En 5 ans, les progrès les plus remarquables ont été réalisés par le Libéria et la Sierra Leone, qui émergent tous deux d'une longue guerre civile, selon l'indice publié lundi.

Madagascar enregistre le recul le plus frappant, dû en grande partie à «ses mauvais résultats» en matière de sécurité-souveraineté du droit et droits de l'homme.

Les 5 pays les mieux notés par la Fondation sont Maurice, le Cap-Vert, le Botswana, les Seychelles et l'Afrique du Sud. Les 5 derniers sont la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Zimbabwe, le Tchad et la Somalie.