La Zambie a suspendu jeudi sa décision de geler toutes les exportations de métaux, et notamment de cuivre, a indiqué à l'AFP le président de la Chambre des mines.

«Le dernier développement, c'est que les sociétés minières sont autorisées à poursuivre leurs exportations, jusqu'à ce que les nouvelles réglementations soient mises en place», a déclaré M. Fredrick Bantubonse.

Quelques heures plus tôt, les sociétés minières avaient reçu un document leur signifiant le gel de toutes les exportations de cuivre, première richesse nationale, et de minerais, le temps pour le gouvernement de fixer de nouvelles règles.

«Tous les permis d'exporter délivrés par le ministère (des mines) sont suspendus avec effet immédiat, dans l'attente de nouvelles directives du gouvernement», a annoncé le secrétaire permanent du ministère des Mines Godwin Beene dans une circulaire diffusée à toutes les sociétés minières du pays, et consultée par l'AFP.

De nouvelles règles régissant l'exportation des minerais devraient être rendues publiques le 16 octobre, a affirmé M. Beene.

Outre le cuivre, dont il est 7e producteur mondial pour le minerai et 2e pour le cuivre raffiné, la Zambie exporte également du cobalt, du plomb, de l'or et de l'argent.

Ce pays d'Afrique australe, qui partage les chutes Victoria avec le Zimbabwe voisin mais peine à diversifier son économie dans le tourisme, n'a jamais autant produit de cuivre: 691 000 tonnes de minerai en 2010 et 698 000 en 2009 selon le Bureau mondial des statistiques des métaux (WBMS), soit 4,3% de la production mondiale.

Le cuivre compte pour 85% de ses exportations. Les Chinois sont très présents dans ce secteur.

«Il semble qu'il y ait des doutes sur la quantité de cuivre produite et exportée», a expliqué à l'AFP Leon Myburgh, un analyste bancaire pour la Citi. «Ce que le gouvernement essaye de faire est d'améliorer les déclarations de l'activité à l'export, et par extension, de l'activité minière, ce qui débouchera probablement sur le paiement d'impôts».

«Cette initiative (...) est certainement une étape saine pour le pays», ajoute cet expert, même si la communication abrupte du président Sata et de sa nouvelle équipe est déconcertante et source d'incertitudes.

Le nouveau pouvoir, qui a promis des résultats tangibles en 90 jours, a cherché à imposer sa marque très rapidement, remerciant entre autres le chef de la police, le gouverneur de la banque centrale et le directeur de la compagnie nationale d'électricité.

À Londres, l'annonce n'a pas influé sur le cours du cuivre, très élevé à 7100 dollars la tonne, dans un marché globalement en progression ce jeudi et très volatile.

Mais les investisseurs restent attentifs depuis la prise de fonction le 23 septembre de M. Sata, largement vainqueur du président sortant Rupiah Banda.

Pendant sa campagne, M. Sata avait annoncé son intention d'en finir avec la politique fiscale accommodante de son prédécesseur et d'établir une taxe forfaitaire de 25% sur les profits miniers.

Celle-ci serait calculée par rapport au chiffre d'affaires, et non sur les bénéfices déclarés. Une fiscalité plus facile à appliquer pour les autorités sur des entreprises devenues championnes de l'optimisation fiscale et difficile à contrôler.

Un audit commandé par le précédent gouvernement a conduit cette année l'Union européenne à geler à l'avenir tout crédit de la Banque européenne d'investissement (BEI) à la maison de négoce suisse Glencore, soupçonnée d'évasion fiscale.

Glencore exploite l'important gisement de cuivre de Mufulira (nord) au travers de sa filiale MCM -elle-même détenue via une filiale financière aux Bermudes et un véhicule d'investissement aux Îles Vierges selon l'ONG de la Déclaration de Berne.

De l'avis aussi du Fonds monétaire international (FMI), le gouvernement gagnerait à mieux taxer les entreprises minières pour financer le développement du pays où, malgré une croissance très soutenue (+7,6% en 2010), 64% des quelque 13 millions d'habitants vivent dans le dénuement.