Le gouvernement kenyan avait fréquemment été prévenu du danger présenté par l'oléduc qui a explosé plus tôt cette semaine, faisant 95 morts, ont affirmé mercredi plusieurs experts.

Les familles qui habitent les bidonvilles du Kenya sont vulnérables aux explosions, à l'électrocution, aux incendies, aux empoisonnements et à d'autres catastrophes parce que des politiciens assoiffés de votes ne font pas respecter la réglementation existante, ont-ils ajouté.

Les trois plus grands bidonvilles de Nairobi - où s'entassent plus de 500 000 personnes - ont été érigés sur des terrains impropres à l'habitation humaine, selon une étude réalisée en 2008 par l'université de Nairobi, a dit le professeur de développement urbain Peter M. Ngau.

L'étude, qui a été remise au gouvernement, prévenait que le bidonville de Sinai avait été construit par-dessus un oléoduc d'essence et une conduite d'égout arrivant du coeur industriel de la ville. Lundi, l'oléoduc a cédé et l'essence s'est répandue dans l'égout, provoquant une explosion qui a fait au moins 95 morts et plus d'une centaine de blessés.

M. Ngau a ajouté qu'il tient du miracle que davantage de catastrophes du genre ne se produisent pas. Dans le bidonville de Kibera, le plus grand du pays, les résidants vivent trop près de liens ferroviaires où circulent du carburant et des produits chimiques dangereux. À Mathare, le deuxième bidonville en importance, les cabanes ont été érigées sur des collines vulnérables aux coulées de boue. Quant au bidonville de Mukuru, les habitants vivent directement sous des lignes de haute tension.

Le président de l'Institution des ingénieurs du Kenya, Wanjau Maina, a estimé que les résidants du bidonville de Sinai auraient dû être déménagés il y a plusieurs années. Les politiciens ont fermé les yeux sur leur présence, a-t-il dit, parce qu'ils y recueillent de nombreux votes.

Le porte-parole du gouvernement n'a pu être joint pour commenter ces affirmations.