L'Égypte a promis samedi un «engagement total» pour protéger les missions diplomatiques et annoncé un recours à tout l'arsenal de la loi sur l'état d'urgence pour assurer la sécurité, au lendemain d'une violente attaque contre l'ambassade d'Israël au Caire.

«L'Égypte affirme son engagement total à respecter les conventions internationales, y compris la protection de toutes les missions» diplomatiques, a déclaré le ministre de l'Information Oussama Heikal dans un message lu à la télévision.

Il a déploré tout acte qui «porte atteinte à l'image internationale de l'Égypte», après des condamnations venues de capitales étrangères, inquiètes pour l'avenir des relations entre Israël et l'Égypte, liés par un accord de paix depuis 1979, le premier entre l'État hébreu et un pays arabe.

À Jérusalem, le premier ministre Benyamin Nétanyahou a réaffirmé l'engagement de son pays en faveur de la paix avec l'Égypte et souligné qu'un «désastre» avait été évité, alors que le numéro deux de l'ambassade d'Israël va rester au Caire après le départ précipité de l'ambassadeur Yitzhak Levanon.

«Nous nous employons avec le gouvernement égyptien à ramener au plus vite notre ambassadeur» au Caire, a affirmé M. Nétanyahou.

M. Levanon regagnera son poste dès que les «conditions pour la sécurité de l'ambassade seront assurées», avait auparavant déclaré un porte-parole gouvernemental israélien.

M. Heikal s'exprimait à l'issue d'une réunion entre les dirigeants de l'armée, à la tête du pays depuis la chute du président Hosni Moubarak en février, et la cellule de crise du gouvernement du premier ministre Essam Charaf.

Un tour de vis sécuritaire a été annoncé pour assurer l'ordre, avec notamment le recours à «toutes les dispositions» de la loi sur l'état d'urgence en vigueur depuis trente ans.

Cette loi controversée prévoit des mesures policières et judiciaires hors du droit commun, avec notamment le recours à des tribunaux d'exception, et des restrictions à la liberté de rassemblement.

Décriée par les associations de défense des droits de l'Homme, son abolition figure parmi les revendications des militants pro-démocratie égyptiens.

M. Heikal a estimé que les «circonstances exceptionnelles exigent des mesures juridiques décisives».

Des forces de l'armée et de la police sont restées déployées en masse samedi devant l'ambassade, au lendemain de cette attaque.

Le bâtiment abritant la mission, qui cristallise pour une partie de la population égyptienne le ressentiment contre Israël, a été envahi par des manifestants qui ont jeté des documents dans la rue et retiré le drapeau israélien.

Les manifestants, armés de marteaux, de barres de fer et de cordes, avaient au préalable fait tomber un mur de protection érigé ces derniers jours par les autorités devant la mission située en haut d'un immeuble d'une vingtaine d'étages.

Trois personnes ont été tuées et plus de 1000 blessées, dont 300 policiers, selon des sources hospitalières et de sécurité. L'un des blessés a également succombé à une crise cardiaque.

Dix-neuf personnes ont été arrêtées et déférées devant la justice militaire.

Les relations entre les deux pays traversaient déjà une crise très sérieuse après la mort de cinq policiers égyptiens tués le 18 août par l'armée israélienne qui poursuivait des auteurs présumés d'attaques, près de la frontière avec l'Égypte.

Durant la révolte populaire en Égypte, l'État hébreu avait dit craindre l'émergence d'un pouvoir islamiste qui menacerait le traité de paix avec Le Caire, dénoncé par une tranche importante de la société égyptienne. Mais l'armée au pouvoir au Caire a assuré qu'elle respecterait les accords.

Le président américain Barack Obama a exprimé sa «grande inquiétude» et sommé le pouvoir égyptien de protéger l'ambassade.

Le premier ministre britannique David Cameron a demandé aux deux pays «de travailler ensemble pour résoudre les tensions actuelles et renforcer la stabilité régionale».

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a souhaité que les relations entre l'Égypte et Israël «s'apaisent». Son homologue italien Franco Frattini a appelé les jeunes Égyptiens qui ont fait le «printemps arabe» à ne pas céder à «la violence et la terreur».