Au moins 190 personnes sont mortes dans le naufrage d'un transbordeur apparemment surchargé qui transportait, dans la nuit de vendredi à samedi, quelque 800 personnes entre deux îles du très touristique archipel de Zanzibar dans l'océan Indien.

Samedi soir, alors que les secours avaient interrompu leurs recherches en raison de la tombée de la nuit, Mohammed Aboud, ministre de cette entité semi-autonome de la république de Tanzanie chargé des Situations d'urgence, a relevé un précédent bilan de 163 personnes décédées.

Ce nouveau bilan de 190 morts, encore provisoire, fait de ce naufrage l'un des plus meurtriers en Afrique des 10 dernières années.

Selon le ministre, les secouristes ont cependant réussi à sauver 610 personnes.

Ces chiffres montrent que le transbordeur transportait encore plus de monde que ce qu'avaient à l'origine estimé les autorités de Zanzibar. Ces dernières avaient indiqué samedi matin qu'environ 600 passagers étaient à bord de l'embarcation qui reliait Unguja et Pemba, les deux principales îles de l'archipel.

Le nombre exact de personnes à bord de ce genre d'embarcation est souvent difficile à établir en l'absence d'un système fiable d'enregistrement des passagers.

Selon un journaliste de l'AFP présent sur place, aucun étranger n'avait, à ce stade, été recensé parmi les morts et les rescapés.

Le transbordeur était occupé en grande majorité par des habitants de l'archipel de Zanzibar, dont de nombreux habitants de l'île de Pemba qui revenaient chez eux à l'issue des vacances et à la fin du ramadan.

Les circonstances de l'accident restaient peu claires, mais les autorités ont très vite laissé entendre que l'embarcation était surchargée. Selon M. Aboud, elle transportait aussi une importante cargaison, de riz notamment.

Manque d'équipement pour les secours

«Nous protestions déjà contre le capitaine et d'autres personnes dans le port avant de partir, en leur disant que le bateau était trop plein,» a affirmé un survivant de 50 ans, Zaid Amour.

«Ce n'est pas un accident, c'est la faute de ceux qui n'ont pas empêché le bateau de partir,» a-t-il dénoncé. «Les marins du bateau nous disaient encore +tout va bien+ quand nous demandions des gilets de sauvetage, alors quand les choses ont vraiment mal tourné, c'était trop tard pour beaucoup de gens.»

«C'était terrifiant, les gens criaient dans le noir,» a de son côté raconté Aisha Mohammed, une jeune rescapée de sept ans. «Je n'ai pas pu trouver ma maman, je l'ai perdue quand nous étions tous dans l'eau,» a-t-elle ajouté.

Évoquant une «tragédie nationale», le président de Zanzibar, Ali Mohamed Shein, a assuré que le gouvernement ferait «tout ce qu'il peut pour aider les victimes». Il a déclaré un deuil de trois jours à partir de dimanche.

«C'est une grande tragédie pour les habitants de Zanzibar et pour les Tanzaniens en général,» a de son côté déclaré le président tanzanien, Jakaya Kikwete.

Samedi, les autorités de Zanzibar ont dépêché des équipes de secours de la marine et de la police sur place. Mais «les opérations de sauvetage pâtissent du manque d'équipement,» a admis le secrétaire d'État adjoint à l'Infrastructure et à la Communication de l'archipel, Issa Gavu.

Ali Shante, un plongeur des équipes de secours, a déclaré que les sauveteurs avaient mis environ 5 heures à arriver. «La plupart des gens qui avaient survécu ont été retrouvés alors qu'ils flottaient sur des matelas, des bouts de bois, des sacs remplis de riz»,  a-t-il expliqué.

Le transbordeur MV Spice Islander était parti vers 21h (14h, heure de Montréal) de l'île de Unguja, et a chaviré quatre à cinq heures plus tard.

Ce naufrage vient allonger la liste noire des incidents impliquant les navires de transport de passagers et de marchandises de l'archipel tanzanien.

Zanzibar, dont le port de Stone Town est classé au patrimoine de l'UNESCO, tire ses ressources essentiellement du tourisme.