La demande de mise en liberté provisoire formulée par deux jeunes Camerounais, écroués depuis 23 jours pour homosexualité, a été rejetée mardi par le tribunal de première instance d'Ekounou à Yaoundé, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le tribunal a rejeté la demande «pour insuffisance de garanties de représentation», a affirmé son président qui a fixé la prochaine audience au 27 septembre.

«Je suis déçu», a affirmé à l'AFP Me Michel Togué, un des avocats des deux jeunes, âgés de 19 et 20 ans, soulignant que la législation pénale «dit que lorsqu'une affaire n'est pas en état d'être jugée, le tribunal met les prévenus en liberté provisoire avec ou sans caution».

«Il n'y a rien dans ce dossier sur le fond. Nous pensons pouvoir le démontrer et attendons que le parquet nous sorte des éléments à charge», a-t-il ajouté.

Les deux jeunes gens sont écroués depuis le 1er août à la prison Kondengui de Yaoundé. Ils avaient été interpellés avec un troisième dans la nuit du 26 au 27 juillet.

Selon la police, les trois hommes avaient été surpris alors qu'ils avaient des rapports sexuels à bors d'un véhicule dans le quartier Essos à Yaoundé.

Tous ont été inculpés de «faits d'homosexualité», selon le tribunal d'Ekounou qui avait précédemment accordé la liberté provisoire au troisième.

Tous trois risquent jusqu'à cinq ans de prison, la législation camerounaise interdisant les pratiques homosexuelles.

Le 18 août, les avocats des deux jeunes incarcérés avaient introduit une demande de mise en liberté provisoire, tandis que le procureur estimait «indispensable» la comparution des policiers qui avaient interpellé les prévenus.

À leur arrivée au tribunal mardi, les prévenus ont été chahutés par des curieux.

En août 2010, l'ONG américaine Human rights watch et l'ONG camerounaise Alternatives-Cameroun avaient demandé la dépénalisation des pratiques homosexuelles au Cameroun, invoquant les recommandations du Comité des droits de l'homme des Nations unies. Selon ce comité, la criminalisation de l'homosexualité «viole les droits à la vie privée et à la liberté de ne pas être discriminé».