Une centaine de personnes se sont rassemblées samedi sur l'avenue Habib Bourguiba à Tunis pour réclamer l'indépendance de la justice, au lendemain de l'acquittement d'Ali Seriati, l'ex-chef de la garde présidentielle, dans une affaire mineure de falsification de passeports.

«Pas de retour, pas de liberté pour les bandits», «Résistance, résistance, pas de réconciliation» et «Le peuple veut une nouvelle révolution» scandaient les manifestants réunis à l'appel de l'association des proches des victimes de la révolution Oufiya.

«Beaucoup de personnes de l'ancien régime qui sont censées être en prison ont été libérées et beaucoup de juges sont corrompus, il faut qu'on se réunisse tous pour une justice indépendante», a déclaré Houda Ben Hafsia, une jeune manifestante.

«Comment peut-on croire qu'une personne comme Ali Seriati peut être exempte de tout soupçon de corruption», s'est interrogé Taïeb Bouaïchi, un enseignant syndicaliste.

Les policiers stationnés sur l'artère principale de la capitale se tenaient à distance du théâtre municipal devant lequel étaient réunis les manifestants.

Vendredi, la justice tunisienne a acquitté le général Ali Seriati jugé pour complicité et faux passeport dans la fuite en Arabie Saoudite de l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali et de sa famille proche le 14 janvier, en plein soulèvement populaire.

Ali Seriati est incarcéré dans l'attente d'un autre procès pour complot contre la sécurité de l'État.

Le tribunal a en revanche prononcé vendredi des peines de prison allant de quatre mois à six ans contre 25 membres de la famille Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi pour tentative de fuite et possession illégale de devises.

Une soixantaine de personnes, dont plusieurs anciens ministres, ont été frappées d'une interdiction de voyage par le ministère de la Justice.

La publication de leurs noms intervient après la polémique provoquée par la fuite le 30 juillet de Saïda Agrebi, figure emblématique du régime Ben Ali et bras droit de son épouse, alors qu'elle était sous le coup d'une plainte en justice.

Cette semaine, deux manifestations ont déjà eu lieu à Tunis pour «une justice indépendante» et une rupture avec l'ancien régime de Ben Ali.