L'Union européenne a demandé mardi au gouvernement zimbabwéen d'ouvrir une enquête après les informations «préoccupantes» sur l'existence de camps de torture dans la région diamantifère de Marange, diffusées lundi dans un documentaire de la BBC.

«Nous sommes extrêmement préoccupés par ces allégations. Nous demandons aux autorités zimbabwéennes d'enquêter à ce propos», a déclaré le porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, Michael Mann, interrogé par l'AFP.

La radio-télévision britannique a diffusé lundi plusieurs témoignages faisant état de viols et de violences physiques par la police et l'armée pour forcer des civils à chercher des diamants près de Marange, l'un des plus riches gisements du monde.

Les mines de Marange avaient été envahies par l'armée zimbabwéenne en 2008. Les soldats avaient alors violemment expulsé les milliers de prospecteurs qui occupaient les lieux, avant de forcer des civils à faire le travail.

Fin juin 2009, Human Rights Watch avait déjà fait un rapport sur des cas de torture, de meurtres, et de travail des enfants dans la région de Marange. Ces informations avaient été corroborées par une mission d'experts du processus de Kimberley, le régulateur mondial, avait interdit le négoce des diamants de cette région.

Alors que la BBC a cité d'ex-prisonniers et des soldats de l'armée zimbabwéenne s'exprimant sous couvert de l'anonymat, l'UE pour sa part n'a, à ce jour, toujours pas reçu de «preuves solides» corroborant l'existence de ces camps de torture, a rappelé mardi Michael Mann. Et Bruxelles continue à plaider pour une reprise du négoce des diamants provenant de certaines mines de la région.

«Il ne s'agit pas d'une reprise générale des exportations de diamants, mais d'autoriser les ventes en provenances de deux mines de la région de Marange qui remplissent les critères du processus de Kimberley», a souligné Michael Mann.

«Ces deux mines ont fait l'objet d'une évaluation par des experts du processus de Kimberley», a-t-il fait valoir, précisant que la décision de reprise du négoce pour ces deux mines nécessiterait l'aval unanime de toutes les parties du processus de Kimberley.

Des accusations «ridicules»

Par ailleurs, le ministre des mines du Zimbabwe a qualifié de «ridicules» les accusations contenues dans le documentaires de la BBC. «C'est une accusation ridicule de la BBC en mal de sujets», a dit M. Obert Mpofu. «Comment voulez vous que nous fassions cela alors que nous avons été autorisés a vendre nos diamants?» a-t-il répondu à l'AFP. «Pourquoi l'armée ferait cela? C'est l'habituel non-sens de la BBC. Ce sont des gens cinglés qui veulent gêner notre développement» a-t-il ajouté.