L'ONU a lancé cette semaine une mission d'aide alimentaire en Somalie pour tenter d'éviter une catastrophe humanitaire dans ce pays et dans le reste de la Corne de l'Afrique, décimée par la famine.

Une première livraison par avion de cinq tonnes d'aide alimentaire et médicale a eu lieu le 13 juillet, a annoncé l'ONU, dans la région de Baidoa, dans le centre de la Somalie, une zone contrôlée par la rébellion islamiste.

Auparavant, des responsables internationaux avaient mis en garde contre une catastrophe alimentaire dans cette partie de l'Afrique de l'Est, où des millions de personnes sont menacées, et avaient appelé à une aide massive.

La porte-parole de l'UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l'enfance) en Somalie, Iman Morooka, a annoncé que cette première mission s'était déroulée sans encombre et avec l'accord des rebelles, le mouvement des shebab.

Les shebab, en lutte armée contre le gouvernement provisoire somalien, avaient contraint en 2009 les agences humanitaires à quitter le pays. Récemment, ils ont donné leur accord à leur retour pour éviter un désastre humanitaire.

«Cela a été un succès et il s'agit d'une première étape pour fournir par voie aérienne l'aide nécessaire en Somalie. Il s'agit de la première opération de ce genre en deux ans,» a souligné Iman Morooka.

Plus tôt, un responsable britannique et le directeur de l'UNICEF avaient exhorté la communauté internationale à intensifier ses efforts pour sauver des millions de personnes menacées par la famine dans la Corne de l'Afrique.

Le directeur de l'UNICEF, Anthony Lake et le secrétaire d'État britannique pour le développement international, Andrew Mitchell, ont visité des camps de réfugiés surpeuplés, notamment à Dadaab, dans l'est du Kenya.

«La communauté internationale tout entière doit se rendre compte maintenant de l'ampleur de ce qui se passe dans la Corne de l'Afrique et faire tout ce qu'elle peut», a déclaré M. Mitchell.

Les camps de Dadaab, les plus importants au monde, rassemblent 380 000 réfugiés, venus en grande majorité de la Somalie, soit quatre fois la capacité prévue initialement.

Environ 10 millions de personnes sont confrontées à la famine qui frappe la Corne de l'Afrique après l'une des pires sécheresses depuis des décennies.

Selon l'UNICEF, plus de deux millions d'enfants souffrent de malnutrition dans cette région et ont besoin d'une aide urgente pour survivre, 500 000 seraient même en danger de mort.

«C'est une crise majeure. Pas simplement parce que les besoins immédiats sont grands, mais parce qu'il est possible qu'elle s'aggrave dans les six prochains mois», a déclaré le directeur de l'UNICEF.

«Nous devons faire tout ce que nous pouvons maintenant pour être efficaces et sauver les vies», a-t-il ajouté.

En Somalie, la situation est aggravée par 20 ans de guerre civile depuis le départ du président Mohamed Siad Barre en 1991. Et les Somaliens fuient leur pays par milliers chaque jour à destination de l'Éthiopie et du Kenya voisins.

Selon l'organisation Action contre la faim (ACF) la Somalie est désormais en état de «catastrophe humanitaire», et quelque 250.000 enfants souffrent de malnutrition sévère dans le pays.

Le gouvernement fédéral de transition (TFG) n'a d'autorité effective que sur une partie de la capitale, Mogadiscio, et fait face à l'insurrection des islamistes radicaux shebab, qui contrôlent la majeure partie du centre et du sud de la Somalie.

Les shebab avaient poussé au départ dès 2009 la plupart des organisations humanitaires, en imposant notamment des conditions de travail inacceptables, des taxes informelles et l'exclusion des femmes des programmes d'aide.

Le mouvement islamiste a, la semaine dernière, promis de laisser accéder à nouveau les mouvements humanitaires aux populations frappées par la sécheresse, «qu'ils soient ou non musulmans (...), si leur intention est seulement d'aider ceux qui souffrent».