Moins d'une semaine après son indépendance, le Soudan du Sud est devenu jeudi le 193e État membre des Nations unies, mais le jeune pays, où tout est à construire, rejoint aussi les rangs des nations les plus pauvres du monde malgré son pétrole.

«Je déclare le Soudan du Sud membre des Nations unies», a proclamé Joseph Deiss, président de l'Assemblée générale, après un vote par acclamation.

«Bienvenue au Soudan du Sud! Bienvenue dans la communauté des nations!», a lancé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. «Tous ceux qui ont subi la longue guerre civile. Tous ceux qui ont perdu tant d'êtres aimés. Tous ceux qui ont quitté leur maison et fui leur communauté, tous ceux qui ont gardé espoir, vivent aujourd'hui un moment historique».

Le Soudan du Sud a proclamé samedi son indépendance devant des dizaines de milliers de Sudistes en liesse et un parterre de dirigeants étrangers, après un conflit de près d'un demi-siècle avec le Nord ayant fait des millions de morts.

Concernant les relations entre le Nord et le Sud, Ban Ki-moon a encore souligné que «le bien-être et la prospérité de chacun dépendent de l'autre. Le Sud et le Nord partagent un destin commun. Ils doivent envisager l'avenir comme partenaires, et non comme rivaux», a-t-il dit.

La communauté internationale, États-Unis, Chine, Russie et Union européenne en tête, a rapidement reconnu ce nouveau pays africain, figurant parmi les plus pauvres au monde malgré ses vastes ressources pétrolières, et l'a assuré de son soutien.

L'ONU va s'investir lourdement dans ce pays pour contribuer à en construire les infrastructures inexistantes.

Pour cela, le Conseil de sécurité a voté l'envoi de 7000 Casques bleus auxquels s'ajouteront 3700 civils et 3000 personnes du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) et du Programme de l'ONU pour le Développement (PNUD), selon un diplomate onusien.

«Il n'y a rien, pas de ministère, quelques dizaines de kilomètres de routes asphaltées. Tout est à faire. Il faut créer les structures d'un État à partir de presque zéro», a souligné ce diplomate.

Ce sera la tâche de l'ONU et de sa mission, la MINUSS, la Mission des Nations unies en République du Soudan du Sud, aidée par des experts et techniciens venus de l'étranger, pays en développement et pays développés, pour apporter leur expertise, explique un responsable des forces de maintien de la paix.

Mais le Soudan du Sud a une richesse: son pétrole. Il a des réserves évaluées à 6,7 milliards de barils.

Il en produit relativement peu, 500 000 barils/jour, qui sont transportés par oléoduc vers Port Soudan. C'est cependant un pétrole d'assez mauvaise qualité, lourd, qui se solidifie au contact de l'air. Les revenus du pétrole sont évalués à 9 milliards de dollars par an.

D'autre part, le Soudan du Sud a plusieurs dossiers à régler avec son voisin du Nord, en particulier celui des frontières. Plusieurs endroits sont litigieux et un accord-cadre a été conclu entre le Nord et le Sud en juin pour le déploiement d'observateurs à la frontière. Il y en aurait 2500, mais rien n'a été négocié dans le détail.

Un autre dossier est le partage des richesses. Le pétrole se trouve au Sud et représente 98% des ressources du Sud mais les installations pétrolières sont toutes dans le Nord qui veut un partage des revenus.

Le Soudan du Sud a une superficie de 589 745 km2, soit 24% de l'ancien Soudan. À la différence du Nord musulman, le Sud est essentiellement chrétien.

Il a voté la sécession avec le Nord en janvier 2011 à 98,83%, en vertu d'un accord de paix conclu en 2005 après deux décennies de guerre civile qui a fait quelque deux millions de morts et quatre millions de déplacés.