L'ONU estime que des exactions, dont au moins 387 viols, commises par la rébellion en quatre jours début août 2010 dans 13 villages du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC) pourraient constituer des «crimes contre l'humanité», selon un rapport publié mercredi.

«En raison du fait que ces attaques ont été bien planifiées et menées de manière systématique et ciblée, les exactions commises pourraient constituer des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre» selon la Cour pénale internationale (CPI), indique le rapport des enquêteurs de l'ONU.

L'ONU attribue ces violences à un groupe de 200 hommes, composé de rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), de milices des Maï-Maï et d'éléments du Colonel Emmanuel Nsengiyumva (un colonel congolais qui a rejoint la rébellion début 2010).

Le rapport, élaboré par le Bureau Conjoint des Nations unies aux Droits de l'homme (BCNUDH), indique que, sur la base des preuves recueillies à ce jour, au moins 387 civils ont été violés par ces combattants, dont 300 femmes, 23 hommes, 55 filles et 9 garçons.

En outre, au moins 923 maisons et 42 commerces ont été pillés par les assaillants, tandis que 116 civils ont été enlevés, puis soumis au travail forcé.

Les victimes, prises pour cible par la rébellion qui les accusaient de soutenir le gouvernement, pourraient être bien plus nombreuses, selon l'ONU.

«Les enquêteurs ont appris que la plupart des viols, réalisés avec une cruauté ignoble par des groupes d'hommes, ont été commis en présence des enfants des victimes et d'autres membres de leur famille et leur communauté», a déploré la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Navi Pillay, citée dans un communiqué.

Dans un rapport préliminaire sur le sujet publié en septembre 2010, l'ONU avait qualifié ces «viols en série d'effrayants», relevant qu'ils n'avaient pu être empêchés par l'armée congolaise ou la mission de l'ONU en RDC, la Monusco.

Mais «à ce jour, les progrès accomplis par la justice militaire sont insuffisants», affirme le rapport publié vendredi, soulignant que les autorités ont ouvert une enquête uniquement à l'encontre des Maï-Maï.

«À l'exception du lieutenant-colonel Mayele (un des chefs des Maï-Maï), aucun des auteurs présumés de ces violations graves des droits humains et du droit international humanitaire n'a été arrêté ou inculpé» malgré le soutien de l'ONU apporté au procureur militaire, expliquent les enquêteurs.

Ils indiquent qu'une enquête judiciaire sur les violations a dû être suspendue pour des questions de sécurité de 150 témoins et victimes, pointant l'«absence de mesures adéquates» pour assurer leur protection.

Soldats et rebelles congolais sont régulièrement accusés de commettre des viols et des pillages dans l'est de la RDC, une région très instable où sévissent plusieurs groupes armés.

Quelque 248 femmes ont ainsi déclaré avoir été violées entre le 10 et le 13 juin par des soldats en fuite emmenés par un colonel, à Abala, Kanguli et Nakiele dans la province du Sud-Kivu (est), selon un décompte de l'APF d'après des sources médicales.