Les violences en Somalie, auxquelles s'est ajoutée une grave sécheresse, ont provoqué le déplacement de 135 000 personnes depuis le début de l'année, créant une «tragédie humaine inimaginable», a estimé mardi l'ONU.

«Les violences incessantes associées à une sécheresse dévastatrice ont forcé plus de 135 000 Somaliens à fuir cette année», a déclaré un porte-parole du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), Melissa Fleming, lors d'un point de presse.

Rien qu'en juin, quelque 54 000 personnes ont fui au Kenya et en Éthiopie, soit trois fois plus qu'en mai.

Cette «sécheresse, combinée avec une violence rampante dans le sud et le centre du pays, est en train de transformer une des pires crises humanitaires de la planète en une tragédie humaine d'une proportion inimaginable», a insisté Mme Fleming.

Désormais, «un quart de la population somalienne de 7,5 millions de personnes soit est déplacé (à l'intérieur du pays), soit vit à l'extérieur du pays en tant que réfugié», a-t-elle expliqué.

L'agence onusienne est particulièrement préoccupée par l'état dans lequel arrivent ces dernières semaines les réfugiés dans les pays voisins, après un périple de plusieurs jours, voire semaines, de marche durant lequel ils peinent à se nourrir.

«Plus de 50% des enfants somaliens arrivant en Éthiopie sont en état sérieux de malnutrition», a souligné Mme Fleming, précisant que la proportion atteint 30 à 40% de ceux qui se réfugient au Kenya.

«Nous avons de plus en plus d'informations sur des enfants de moins de 5 ans mourant de faim et d'épuisement durant le trajet», a-t-elle ajouté, expliquant également que beaucoup d'autres meurent dans les 24 heures après leur arrivée malgré les soins qui leur sont prodigués.

Alors que les violences en Somalie rendent les activités des agences humanitaires pratiquement impossibles, les réfugiés ont raconté au HCR qu'ils avaient épuisé toutes leurs ressources avant de se décider à partir.

«Confrontés à la faim, ils ont marché des jours, parfois plusieurs semaines à travers le désert pour arriver dans un état de santé alarmant», a poursuivi la porte-parole.

Ces arrivées mettent encore plus sous pression le camp de Dadaab (Kenya) où arrivent chaque jour 1400 réfugiés. Le plus vieux camp du monde est tellement débordé qu'il est devenu la «troisième ville du Kenya», a-t-elle encore déclaré. Le site, originellement conçu pour héberger une population maximale de 90 000 personnes, accueille désormais 382 000 réfugiés.

Selon le HCR, plus de 750 000 Somaliens se sont réfugiés dans les pays voisins du leur, dont la majorité au Kenya (405 000), puis au Yémen (187 000) et en Éthiopie (110 000). Par ailleurs, quelque 1,46 million de Somaliens sont déplacés dans leur propre pays.

L'ONU a prévenu le 28 juin que plus de 10 millions de personnes étaient frappées par la pire sécheresse en 60 ans dans certaines régions de la Corne de l'Afrique, dont le Kenya, la Somalie et l'Éthiopie.

D'après le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), dans plusieurs régions loin des côtes de ces trois pays, «on est proche de la famine».