L'armée mauritanienne a affirmé avoir «entièrement détruit» vendredi lors d'un raid dans l'ouest du Mali un campement d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et, selon des sources maliennes, plusieurs corps et véhicules calcinés ont été retrouvés sur les lieux.

«Des morts et des véhicules calcinés ont été retrouvés sur les lieux où il y a eu des combats entre l'armée mauritanienne et Aqmi. Je n'ai pas de chiffres précis», a déclaré samedi à l'AFP un élu de Nara, ville à environ 50 km de la frontière, proche de la forêt du Wagadou.

Ce responsable n'était pas en mesure de préciser l'appartenance des hommes et véhicules.

Jointe depuis Bamako, une source indépendante sur le terrain a confirmé ces informations: «Il y a de nombreux véhicules calcinés et des morts sur place. C'est un bilan lourd, d'après ce que nous apprenons», a-t-elle dit.

L'armée mauritanienne a fait état samedi de quatre blessés dans ses rangs et n'a pas communiqué de bilan de pertes infligées à Aqmi lors de cette attaque menée dans la forêt du Wagadou, proche de la frontière mauritanienne. Le Mali n'a pas participé à l'opération, d'après des militaires des deux pays.

En juillet 2010, l'armée mauritanienne avait conduit, avec l'appui de la France, un raid meurtrier contre une unité d'Aqmi dans le Sahara malien.    En septembre, elle a encore mené, seule cette fois, une nouvelle offensive anti-Aqmi en territoire malien, dans la région de Tombouctou (nord), dans une zone à proximité de la frontière.

L'offensive de vendredi a été lancée alors que des centaines de militaires des deux pays sont engagés depuis le 21 juin - et «pour quelques semaines» - dans des opérations communes le long de leur frontière, incluant la région du Wagadou.

Aqmi, qui tente d'y installer une base, a posé récemment des mines dans la zone, selon les deux armées.

D'après des responsables militaires des deux pays, les combats de vendredi ont été violents.

L'armée mauritanienne, qui a recouru à des moyens terrestres et aériens, a détruit les tentes du campement d'Aqmi, de même que «trois véhicules (...) au sol avec leurs occupants», d'un nombre indéterminé.

«De fortes déflagrations ont été entendues sur un rayon de 20 km, probablement celles de munitions de haut calibre stockées dans le campement», a expliqué le responsable militaire mauritanien.

Les quatre militaires qui ont été blessés ont été atteints «dans leur véhicule par un tir ennemi alors qu'ils s'avançaient imprudemment vers le campement au moment des accrochages», a-t-il expliqué.

Le Mali et la Mauritanie sont parmi les pays les plus concernés par les activités d'Aqmi, avec le Niger et l'Algérie, où cette organisation est née. Aqmi se livre dans le Sahel à des attentats, des enlèvements - notamment d'Occidentaux - et divers trafics.

Aqmi retient en otages depuis la mi-septembre 2010 quatre Français enlevés dans le nord du Niger, ainsi qu'une Italienne enlevée le 2 février dans le sud de l'Algérie.

Dans un entretien avec l'AFP à Nouakchott le 6 juin, le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz avait estimé qu'en dépit d'une «prise de conscience», les actions anti-Aqmi demeuraient insuffisantes.

Selon lui, le retrait de son armée du Mali il y a environ deux mois a été suivi, «concomitamment», à l'implantation de nouvelles unités d'Aqmi près de la frontière, en particulier la forêt de Wagadou.

«Ils en ont profité pour revenir réoccuper des positions, et même s'exhiber, notamment dans la forêt de Wagadou. Bien sûr, cela nous inquiète, mais nous avons pris les dispositions nécessaires pour répondre à cette situation», avait-il alors assuré.