Le parti au pouvoir au Soudan s'est dit ouvert à la négociation avec le Sud Soudan et a annoncé une reprise des discussions entre les deux parties dès ce samedi sur l'enclave disputée d'Abyei, où près de 150 000 déplacés ont fui les combats, selon le gouvernement sudiste.

«Nous sommes ouverts» à la négociation, a déclaré à l'AFP al-Dirdiri Mohammed Ahmed, responsable du dossier d'Abyei au Parti du Congrès national (NCP, au pouvoir).

«Nous avons une réunion le 28 mai à Addis Abeba (...) organisée par l'Union africaine, nous espérons que nous arriverons à un compromis sur un certain nombre de points», a affirmé M. Dirdiri.

Des représentants du NCP, du SPLM (Mouvement populaire de libération du Soudan, au pouvoir au Sud Soudan), et le chef du panel de l'UA sur le Soudan, l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki, y participeront, a-t-il précisé.

Depuis la prise d'Abyei par l'armée nordiste le 21 mai, «les négociations indirectes se sont en fait poursuivies entre les deux parties via le panel de l'UA et l'ONU», selon le négociateur du NCP.

«Sans aucun doute, il y aura de nouvelles discussions», a simplement commenté à Juba (capitale du Sud Soudan), un négociateur du SPLM, Atif Keer, qui a dit ne pas avoir «d'informations précises sur cette prochaine rencontre». À la lisière entre le Nord et le Sud, Abyei devait organiser en janvier un référendum local pour choisir son rattachement à l'une ou l'autre partie, parallèlement à la tenue du référendum au Sud Soudan qui a vu l'écrasante majorité en faveur de la sécession.

Le référendum d'Abyei a été cependant reporté sine die, et les incidents armés s'y sont multipliés, malgré plusieurs accords et la poursuite de négociations politiques sous les auspices de l'UA.

Le 21 mai, les Forces armées du Soudan (SAF, nordiste) ont finalement pris le contrôle de la ville d'Abyei jusqu'à plusieurs kilomètres plus au sud, sur la rive nord de la rivière Bahr al-Arab, marquant désormais la ligne de front.

Cette avancée a provoqué la fuite vers le sud de 30 000 à 40 000 déplacés -en majorité des Sudistes de la tribu Dinka Ngok- dont beaucoup restent cachés dans la brousse par peur des bombardements aériens de l'aviation soudanaise, selon l'ONU.

Pour les autorités sudistes, ce sont plus de 150 000 personnes qui ont fui Abyei et ses environs. Ce chiffre n'a été confirmé par aucune source indépendante, alors que la population totale de la province est estimée à 110 000 habitants.

Des arrivées de déplacés, épuisés par des heures de marche, continuent cependant d'être enregistrées à Agok ou Turalei, localités au sud d'Abyei, selon les ONG sur place.

Selon l'ONU, la situation dans la ville d'Abyei restait «tendue et volatile, avec des tirs sporadiques et la poursuite de pillages».

Jeudi, le président sudiste Salva Kiir avait exigé le retrait inconditionnel de l'armée soudanaise de la ville, tout en assurant ne pas vouloir retourner à la guerre.

Le NCP du président Omar el-Béchir demande un retrait similaire des forces sudistes, avec la mise en place d'un «mécanisme solide qui garantit que ni la SPLA ou aucune de ses milices ne s'infiltreront dans la zone».

Le NCP «espère que les négociations (d'Addis Abeba) concerneront le statut final d'Abyei, et le retrait des forces en présence, comme convenu dans le protocole d'Abyei», signé en 2008 dans le cadre de l'accord de paix du CPA de 2005 qui a mis fin à la guerre civile entre le Nord musulman et le Sud majoritairement chrétien.

«Par principe, nous respectons le CPA et le protocole d'Abyei», a assuré M. Dirdiri, alors que de nombreux pays ont au contraire dénoncé la prise d'Abyei comme une violation de ces accords.

«Abyei appartient au Nord, et continuera d'y appartenir, sauf si un référendum (local) en décide autrement», a-t-il souligné.