Les émeutes qui ont suivi la présidentielle du mois dernier au Nigeria ont fait plus de 800 morts en trois jours, a déclaré lundi l'organisation internationale de défense des droits de l'homme Human Rights Watch.

«Les violences meurtrières entre communautés liées à l'élection qui ont suivi la présidentielle d'avril 2011 dans le Nord du Nigeria ont fait plus de 800 morts», a déclaré l'ONG dans un communiqué.

HRW ajoute que les victimes «ont été tuées en trois jours d'émeutes dans douze États du Nord», sur les 36 que compte le pays le plus peuplé d'Afrique, après la présidentielle du 16 avril.

Le précédent bilan, partiel, des violences, donné par une ONG nigériane, faisait état, le 24 avril, de plus de 500 morts. Les autorités nigérianes se sont refusées à fournir des chiffes, officiellement pour ne pas aggraver les tensions.

Les violences avaient aussi provoqué le déplacement de quelque 74 000 personnes, selon la Croix-Rouge nigériane.

Les affrontements avaient opposé communautés d'ethnies et religions différentes de ce pays divisé entre un Nord à dominante musulmane et un Sud dominé par des chrétiens et bénéficiant de la production de pétrole.

Ils avaient éclaté après la victoire à la présidentielle du chef de l'État sortant, Goodluck Jonathan, un chrétien originaire du Sud, sur son principal rival, un musulman du Nord.

M. Jonathan a obtenu 57% des voix contre 31% au général Muhammadu Buhari, ex-chef de junte militaire au pouvoir dans les années 1980. Le camp du général Buhari a dénoncé des irrégularités et fraudes en faveur de M. Jonathan.

HRW a demandé au Nigeria d'enquêter sur les tueries et de poursuivre en justice leurs auteurs présumés. Des églises, mosquées et maisons ont aussi été incendiés lors des violences.

La semaine dernière, le président Jonathan a nommé une commission de 22 membres chargée d'enquêter sur les émeutes post-électorales et sur des violences qui les avaient précédées.

Une responsable de HRW pour l'Afrique de l'Ouest, Corinne Dufka, a noté que si les élections avaient été considérées dans le pays et à l'étranger parmi les plus honnêtes dans l'histoire du Nigeria, «elles ont aussi été parmi les plus meurtrières».

«Les autorités nouvellement élues devraient rapidement s'appuyer sur les gains démocratiques des élections pour traduire en justice ceux qui ont orchestré ces crimes horribles et traiter les causes des violences», a-t-elle ajouté.

Le déploiement de l'armée et l'instauration de couvre-feux ont rétabli le calme dans un pays régulièrement secoué par des violences meurtrières entre communautés. Des élections régionales fin avril se sont déroulées dans un calme relatif.