Un Algérien et un Libyen, suspectés d'appartenance à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et en possession d'explosifs, ont été arrêtés samedi à Nekrif, dans la région de Tataouine, à 130 km de la frontière avec la Libye.    

Il s'agit de la «première arrestation» de membres présumés d'Aqmi en Tunisie où l'armée a renforcé ses patrouilles le long de la frontière sud avec la Libye, a déclaré à l'AFP une source autorisée.

Les deux hommes - un Algérien et un Libyen - selon la même source, «ont été arrêtés samedi vers 3h00 en possession d'une ceinture d'explosifs et d'une bombe artisanale» à Nekrif «au cours d'une patrouille des forces de l'ordre mais le Lybien a refusé d'obtempérer et il a été blessé et hospitalisé».



Selon l'agence officielle TAP, «les forces de la garde nationale ont arrêté «deux terroristes, un Algérien et un Libyen, dans la montagne de Tekrif à 25 km au sud de Remada». Lors de leur arrestation, l'un de ces hommes, selon la TAP, «a essayé de faire exploser une bombe mais celle-ci n'a pas explosé, le deuxième homme a été arrêté en possession d'une ceinture d'explosifs».



Une source autorisée citée par la TAP évoque «une première» qualifiée de «dangereuse», compte tenu des «conditions difficiles actuelles» en Tunisie.



Ces arrestations avait été annoncées auparavant par la télévision nationale via un bandeau défilant en boucle pendant la diffusion d'un dessin animé.



Aqmi est une organisation islamiste armée d'origine algérienne, connue avant le 25 janvier 2007, sous le nom de Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Son affiliation au réseau Al-Qaïda a été approuvée par Oussama ben Laden, tué lors d'une opération commando américaine au Pakistan le 2 mai.



Fondée en 2007 par Abdelmalek Droukdal, Aqmi affiche comme objectif la révolution islamique dans les pays du Maghreb et du Sahel. Elle a été placée sur la liste officielle des organisations terroristes par les États-Unis.



Selon un politologue tunisien, Slah Jorchi, «l'introduction de deux membres d'Aqmi en Tunisie est un cas isolé qui pourrait cependant indiquer que la Tunisie pourrait être visée par le réseau d'Al-Qaïda vu l'état de dérive sécuritaire dans le pays qui peut attirer ses membres à commettre des opérations terroristes».



«Dans ce contexte, a-t-il jugé, une coopération et coordination entre l'armée, les forces sécuritaires, les forces politiques et les citoyens est plus que nécessaire».



Le ministère tunisien de l'Intérieur avait appelé jeudi la population à signaler immédiatement aux autorités les hébergements de ressortissants étrangers» ainsi que «tout mouvement suspect».



Cet appel était intervenu après l'arrestation à Tataouine de deux Libyens venus d'Algérie et voulant regagner leur pays, en possession d'une bombe artisanale. Tataouine, à 130 km du poste-frontière de Dehiba avec la Libye, accueille de nombreux réfugiés libyens.



Le 11 avril 2002, la Tunisie avait été frappée par un attentat contre la synagogue de Djerba revendiqué par Al-Qaïda. Un kamikaze, Nizar Nawar, s'était fait exploser au volant d'un camion piégé, entraînant la mort de 21 personnes dont 14 touristes allemands, 5 Tunisiens et de 2 Français.



En décembre-janvier 2007, la Tunisie avait annoncé avoir neutralisé un groupe salafiste qui aurait été lié au GSPC, lors d'affrontements ayant fait 14 morts près de Tunis.