Quatre-vingt-deux personnes ont été tuées au Sud-Soudan dans des violences ayant éclaté à la suite d'une attaque menée samedi par un groupe rebelle contre l'armée sudiste dans la province d'Unité, a annoncé mardi à l'AFP un porte-parole de l'armée sudiste.

«Ils ont été pourchassés et sont partis à la province voisine de Warrap, où ils ont attaqué des camps d'éleveurs de bétail le 8 mai, à un endroit appelé Balhom Weth. Ils ont tué 34 civils et blessé 45 autres, dont des femmes et des enfants», a déclaré le porte-parole, Philip Aguer.

«Le même jour, les éleveurs ont tendu une embuscade aux miliciens qui revenaient avec le bétail volé: 48 miliciens ont été tués et leurs 48 fusils AK-47 neufs saisis», a-t-il ajouté.

Le groupe rebelle était celui de Philip Bepan, un lieutenant de l'ancien général de l'armée sudiste Peter Gadet devenu chef rebelle basé dans la province pétrolière d'Unité et accusé par les Sudistes de travailler pour le Nord.

Plus de 100 personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de Peter Gadet et l'armée sudiste (SPLA) en avril, provoquant l'exode des travailleurs du secteur pétrolier et une chute de la production.

Un porte-parole du groupe de Peter Gadet a pour sa part fait état de la mort dimanche de plus de 100 personnes dans de violents accrochages mais il a donné une version différente des faits et de l'implication de ses forces.

«Le SPLA a attaqué nos forces dans la zone de Mayom. Il y a eu des combats très violents. Nous sommes à même de contrôler la zone et de les combattre», a affirmé le porte-parole, Bol Gatkouth.

Selon lui, «94 soldats du SPLA sont morts», tandis que 11 personnes ont été tuées et 27 autres blessés côté rebelles.

Le porte-parole rebelle a répété que la milice n'était pas liée à Khartoum, et nié les allégations selon lesquelles la milice était impliquée dans des combats à Warrap. «Il s'agit de combats entre communautés», a-t-il expliqué.

Il a ajouté que le groupe rebelle de Peter Gadet avait pris les armes contre le gouvernement sudiste à Juba parce qu'il était corrompu.

Il a également accusé le gouverneur de la province d'Unité, Taban Deng Gai, de violations des droits de l'Homme depuis que Peter Gadet, soutenu par le Nord avant de rejoindre le SPLA, s'est retourné contre Juba: recrutement d'enfants-soldats, vol de bétail et enlèvement de femmes.

Le gouvernement du Sud-Soudan, qui doit formellement déclarer son indépendance le 9 juillet, fait face à de nouveaux défis venant des insurgés et des milices sur son propre territoire.

La recrudescence des violences dans la province a fait plus de 800 morts depuis janvier et près de 94.000 personnes de déplacées, selon l'ONU.

Le Sud a organisé un référendum en janvier qui a vu la population voter en masse pour la sécession avec le nord dominé par les Arabes. Ce vote faisait partie d'un accord qui a mis fin en 2005 à une guerre civile entre le Nord et Sud du Soudan dans laquelle deux millions de personnes ont été tuées.

Les autorités du Sud accusent régulièrement Khartoum d'armer des milices dissidentes afin de déstabiliser leur région.