Une semaine après l'attentat de Marrakech, trois Marocains ont été arrêtés, dont l'auteur principal présumé qui, selon les autorités marocaines, est lié à Al-Qaïda et a fabriqué la bombe qui a tué 16 personnes, dont deux ex-Montréalais et huit Français.

Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur marocain, l'auteur principal présumé est «imprégné de l'idéologie djihadiste» et a fait «allégeance à l'organisation Al-Qaïda».

Il «avait déjà entrepris plusieurs tentatives pour rejoindre certains foyers de tension notamment la Tchétchénie et l'Irak avant de décider de perpétrer un acte terroriste à l'intérieur du Maroc», affirme le ministère.

«Après s'être initié à la fabrication d'explosifs sur l'internet, il a mis au point deux engins explosifs, commandés à distance», poursuit le ministère. Il s'est fait passer pour un touriste afin d'accéder au café Argana, sur la place Jamâa El-Fna, coeur touristique de Marrakech, selon cette source.

Les trois Marocains ont été arrêtés jeudi après-midi à Safi (350 km au sud de Casablanca), selon une source sécuritaire, qui a affirmé qu'ils avaient des «antécédents», et étaient connus pour avoir «participé au recrutement de combattants pour l'Irak».

Les autorités marocaines avaient très tôt assuré que le mode opératoire de l'attentat rappelait celui adopté par Al-Qaïda.

Selon la loi antiterroriste au Maroc, les suspects peuvent rester en garde à vue jusqu'à 12 jours. Ils seront ensuite présentés devant le procureur du tribunal antiterroriste de Rabat, qui leur notifiera les accusations, puis les placeront en détention provisoire en attendant d'être présentés devant un juge d'instruction.

Cet attentat est le plus grave qu'ait connu le Maroc depuis les attaques de Casablanca en mai 2003 qui avaient fait 45 morts dont 12 kamikazes.

Jeudi, des enquêteurs cités par l'agence marocaine Map ont indiqué que plusieurs personnes avaient été auditionnées puis relâchées dans le cadre de l'enquête.

La veille, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a indiqué que deux suspects auraient été identifiés.

Selon une source proche de l'enquête, il s'agissait notamment d'un homme connu des services marocains, présenté comme ayant des liens avec l'organisation Al-Qaïda au Maghreb islamiste (AQMI) et qui aurait été identifié par des témoins auxquels un portrait-robot a été présenté.

Cet homme avait été interpellé à Madrid en 2007 et condamné à 3 ans de prison au Maroc pour «préparation d'actes terroristes». Il a été récemment libéré mais est recherché par la police qui le soupçonne d'avoir tué un Marocain et blessé un touriste français dans un café touristique à Tanger, mi-avril.

Aucune précision n'a été apportée à son sujet jeudi soir.

Le jour même de l'attentat, le roi Mohammed VI du Maroc avait ordonné une enquête rapide et transparente et avait exigé que l'opinion publique soit informée de ses conclusions.

Le souverain a «ordonné aux ministres de l'Intérieur et de la Justice d'informer l'opinion publique des conclusions des investigations, avec toute la célérité et la transparence requises», selon ce communiqué.

Il leur a demandé de le faire «en veillant à dévoiler la vérité, et en s'astreignant à la primauté de la loi et à la préservation de la quiétude et de la sécurité des personnes et des biens, sous l'autorité de la justice».

Mardi, après avoir rendu hommage aux victimes françaises, le président Nicolas Sarkozy a assuré que la France ne laisserait pas le «crime» de l'attentat de Marrakech «impuni» et promis que ses auteurs seraient traqués sans relâche.