Explosions de bombes sans victimes dans le nord-est, vols de matériel électoral, découvertes d'explosifs dans le sud: au Nigeria, plusieurs incidents ont émaillé mardi les élections des gouverneurs, après des violences consécutives à la présidentielle d'avril.

Les Nigérians étaient appelés aux urnes pour choisir les gouverneurs de 24 des 36 États de leur vaste fédération, ainsi que la quasi-totalité des assemblées du pays (sauf dans les États de Kaduna et Bauchi, nord).

Ces élections étaient les troisièmes d'une série de scrutins organisés par le Nigeria en avril, après les législatives et la présidentielle remportée par le chef de l'État sortant Goodluck Jonathan et suivie d'émeutes meurtrières.

Les opérations de vote ont débuté vers 8h locales (3h, heure de Montréal) et pris fin le soir dans la plupart des bureaux de vote, où l'on procédait au dépouillement des bulletins.

Tôt mardi matin, trois bombes avaient explosé à Maiduguri, capitale de l'État de Borno (nord-est) sans faire de victime, selon Michael Zuokumor, chef de la police de Borno.

Pour lui, il s'agissait d'une tentative d'effrayer les électeurs et de les dissuader d'aller voter après des émeutes ayant suivi la présidentielle du 16 avril qui, selon une ONG, ont fait plus de 500 morts.

La sécurité avait été renforcée avec notamment interdiction de circuler pour les civils sauf pour aller voter. Maiduguri avait déjà été frappée dimanche et lundi par des attentats à la bombe, attribués par la police à la secte islamiste Boko Haram. Bilan: trois morts et 15 blessés.

Mardi soir, des bombes non explosées ont été découvertes par la police à Warri, capitale de l'État du Delta, dans le sud pétrolifère.

Dans la journée, du matériel électoral a été volé en plusieurs endroits, selon différentes sources, qui ont rapporté à l'AFP des cas à Katsina (nord) et Kano ainsi que nombre d'États du Sud: Akwa Ibom, Imo, Delta, Rivers, Bayelsa...

Joint par l'AFP, le porte-parole de la commission électorale nationale, Kayode Idowu, a estimé qu'il s'agissait d'«incidents isolés» devant être étudiés avant de «prendre la décision appropriée».

Mais les opérations de vote «se sont déroulées sans heurts (majeurs). On peut dire que c'était mieux que lors des deux dernières élections», a-t-il soutenu, sans plus de détails.

Un candidat d'opposition, John Akpanudoedehe, en lice dans l'État d'Akwa Ibom a toutefois radicalement contesté cette vision: «l'institution qui est supposée garantir le système démocratique a été utilisée pour violer ouvertement la démocratie», a-t-il accusé.

À Kano, capitale de l'État du même nom parmi les plus affectés par les émeutes, les électeurs étaient moins nombreux par rapport à la présidentielle. Certains des 74 000 déplacés des émeutes ont refusé d'aller voter par crainte pour leur sécurité.

Peu de votants également à Maiduguri et Lagos, la capitale économique aux 17 millions d'habitants habituellement grouillante d'activité. L'affluence semblait importante à Jos, dans l'État du Plateau (centre).

Des analystes avaient prédit un faible taux de participation en raison de craintes de nouvelles violences et d'une probable grève des agents électoraux, inquiets pour leur vie après la mort de certains de leurs collègues pendant les émeutes.

Les gouverneurs, élus pour quatre ans, sont influents parce qu'ils gèrent d'énormes budgets grâce aux revenus du pétrole, dont le Nigeria est le premier producteur en Afrique. Leurs élections représentent un enjeu majeur et sont jugées à haut risque.

Le Parti démocratique du peuple (PDP), du président Jonathan, compte actuellement 27 gouverneurs, mais fait face à une rude concurrence de l'opposition qui, selon les analystes, paraît en meilleure position pour ces scrutins.

Selon les projections, le parti d'opposition Action Congress of Nigeria (ACN -Congrès pour l'action du Nigeria), qui domine dans le sud-ouest du pays, semble bien placé pour gagner du terrain et conserver notamment son gouverneur de Lagos, élu en 2007.

Les résultats provisoires devraient être connus au plus tard 48 heures après le scrutin, selon des membres de la commission électorale.