M. Guelleh, 63 ans, est crédité de 79,26% des voix contre 20,74% à son unique adversaire, le candidat indépendant et ancien président du Conseil constitutionnel Mohamed Warsama Ragueh.

Ces résultats portent sur 352 des 387 bureaux de Djibouti, a expliqué le ministre de l'Intérieur Yacin Elmi Bouh. Ce dernier a précisé que les résultats des quelque 30 bureaux de vote restants ne modifieront que légèrement le score annoncé.

Le taux de participation s'élève à 68,51%, soit un taux assez élevé dans l'histoire électorale djiboutienne.

Il revient à présent au Conseil constitutionnel de proclamer officiellement les résultats dans les jours à venir.

«Ce soir, le peuple djiboutien a choisi, avec la grande maturité qui est la sienne. Il a décidé de me confier à nouveau les rênes de notre cher pays pour les cinq prochaines années», a réagi M. Guelleh dans une allocution télévisée diffusée juste après l'annonce des résultats.

M. Guelleh a pu briguer ce troisième mandat grâce à une révision constitutionnelle adoptée en 2010 par un Parlement entièrement acquis à sa cause.

Jeudi à Djibouti, il a promis qu'en cas de victoire, il ne se représenterait plus: «Non, c'est terminé, c'est ma dernière course».

L'une des deux coalitions de l'opposition, l'Union pour l'alternance démocratique (UAD), qui boycotte le scrutin, a dénoncé vendredi une élection jouée d'avance.

«Vous verrez ce soir (...), il (M. Guelleh) va venir à la radio, à la télévision avec un pourcentage qui est prêt depuis un mois. Il nous dira qu'il est aimé des Djiboutiens et qu'il a fait 80% ou 90%», a raillé Ismaël Gedi Hared, le président de l'UAD.

Lors de sa réélection en 2005, M. Guelleh était le seul candidat en lice.

M. Guelleh «s'est fabriqué un candidat fictif pour prétendre à une vraie compétition», a accusé M. Hared, en référence à Mohamed Warsama Ragueh.

L'autre coalition d'opposition, l'Union des mouvements démocratiques (UMD) avait également appelé au boycott de l'élection avant d'apporter son soutien au candidat Ragueh.

Un groupe rebelle Afar, le Front pour la restauration de l'unité et la démocratie (Frud), a quant à lui dénoncé une «farce» électorale qui ne vise qu'à «pérenniser la dictature».

Plusieurs missions d'observation électorale ont assisté au scrutin, dont celle de l'Union africaine (UA). Plusieurs ambassades (Japon, France, États-Unis notamment) ont mis des moyens en commun pour suivre le vote.

L'issue du scrutin de vendredi ne faisait aucun doute, surtout pas pour les électeurs djiboutiens.

«On sait qui va gagner. La seule question, c'est de voir si l'autre candidat (Ragueh) va faire un score honorable (...)», expliquait ainsi Mohamed, 56 ans, arborant sur son petit doigt la tache d'encre indélébile des électeurs ayant voté.

Ce scrutin intervient près de deux mois après les manifestations de rue les plus importantes depuis l'Indépendance. Le 18 février, plusieurs milliers de personnes avaient appelé au départ de M. Guelleh. Deux personnes avaient été tuées selon un bilan officiel.

Pour ce troisième mandat ramené de six à cinq ans par la révision constitutionnelle, M. Guelleh a promis la construction d'une nouvelle voie ferrée entre Djibouti et l'Ethiopie et s'est engagé à diminuer le coût de la vie, particulièrement élevé à Djibouti.

Sur la scène internationale, le chef de l'État sortant a su tirer profit depuis son arrivée au pouvoir de la situation stratégique de son pays, pièce maîtresse de la lutte antiterroriste des Etats-Unis dans la Corne de l'Afrique, et base avancée de la lutte contre la piraterie somalienne dans l'océan Indien.