Le président Yoweri Museveni arrivait samedi largement en tête des résultats officiels partiels de l'élection présidentielle en Ouganda, son rival qualifiant «d'inacceptable» l'ensemble du processus électoral.

Samedi dans la soirée, le chef de l'État sortant était crédité d'une très confortable avance sur ses sept adversaires, selon des résultats partiels de la commission électorale portant sur 46,5% des quelque 14 millions d'inscrits.

M. Museveni obtenait 68,71% des suffrages exprimés avec 4.273.072 des voix, contre 25,38% (1 578 616 voix) pour Kizza Besigye, son principal rival.

Les deux candidats éclipsaient les autres prétendants, qui se partagent des miettes (environ 6%).

La commission électorale a annoncé la suspension de la proclamation des résultats jusque dimanche à minuit (heure de Montréal), depuis le centre de dépouillement installé dans une salle de conférence du stade national de Namboole.

Dans la salle, les uniformes marrons de policiers en faction, fusils d'assaut en bandoulière, concurrençaient les polos blancs des agents de la commission électorale.

Pendant ce temps, dans un lieu tenu secret à Kampala, de jeunes militants de la coalition de M. Besigye s'activaient également à compiler les votes sous la houlette de cadres du parti: le candidat Besigye a en effet annoncé son intention d'annoncer ses propres résultats.

Mais devant la presse samedi soir, ce dernier a concédé que le décompte parallèle prenait plus de temps que prévu, laissant clairement entrevoir le report sine die de cette annonce initialement promise pour samedi. Selon lui, le harcèlement policier de ses militants chargés de transmettre les résultats depuis la province est à l'origine de ces retards.

Ancien médecin personnel de Yoweri Museveni pendant les années de rébellion (1981-1986) et candidat pour la troisième élection consécutive, Besigye a accusé dès avant le scrutin son ancien mentor et le parti au pouvoir d'avoir gonflé les listes avec des électeurs fantômes ou mineurs.

«Ce que nous avons vu est inacceptable», a-t-il martelé samedi, en référence à l'ensemble du processus électoral. «Il est clair à présent que la volonté du peuple ne peut s'exprimer par les urnes», a-t-il ajouté à l'AFP.

De son côté, M. Museveni, 66 ans dont 25 à la tête de l'État ougandais, a prédit vendredi une victoire écrasante, à «84%».

Misant sur la paix retrouvée dans l'ensemble du territoire - avec le départ de la rébellion de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) du nord du pays - sur une croissance économique robuste et sur la manne pétrolière attendue avec l'exploitation à partir de 2012 d'importantes réserves pétrolières, M. Museveni et son camp n'envisagent rien d'autre que la victoire au premier tour.

Son principal rival n'a eu de cesse de dénoncer la corruption du régime et l'absence de perspectives économiques pour la jeunesse, qui expliquent selon lui le «découragement» de la population et rendent possible un soulèvement populaire à l'égyptienne.

En rupture de ban avec le régime depuis 1999, Besigye, 54 ans, a renoncé publiquement à contester les résultats devant la justice, qu'il juge inféodée au pouvoir, et a appelé les Ougandais à descendre dans la rue pour dénoncer les fraudes, sans toutefois lancer un mot d'ordre précis jusqu'à présent.

La situation pourrait se radicaliser si M. Besigye mettait son plan à exécution, l'annonce de résultats autres que ceux de la commission électorale ou l'organisation d'une manifestation sans autorisation de la police l'exposant à une interpellation.

Dès mercredi, M. Museveni menaçait sans ambages d'arrestation et de procès toute personne qui contesterait dans la rue les résultats officiels. Ces derniers doivent être annoncés avant 9 h (heure de Montréal) dimanche.

En attendant, Kampala était pour la deuxième journée consécutive patrouillée par de nombreux militaires et quadrillée par des policiers en tenue anti-émeutes.