L'ONG française Médecins du Monde (MDM) a été expulsée du Darfour-Sud par les autorités de cette province de l'ouest du Soudan, qui l'accusent d'avoir coopéré avec un des principaux groupes de rebelles, a annoncé lundi à l'AFP le gouverneur de cette région.

C'est la dernière ONG d'une longue liste à être expulsée du Darfour depuis un an, a affirmé l'ONU.

«Nous avons expulsé Médecins du Monde parce que nous avons des informations selon lesquelles elle a travaillé en dehors de son mandat (...) et qu'elle soutient le groupe rebelle d'Abdelwahid à Jebel Marra», a dit Abdel Hamid Kasha.

«Nous avons des documents, envoyés par des Soudanais travaillant pour l'organisation à ses bureaux de Khartoum et de New York, qui prouvent ce que nous avançons», a-t-il ajouté.

Médecins du Monde et le porte-parole de l'ambassade de France à Khartoum ont refusé de commenter ces accusations.

Des employés de l'organisation ont été arrêtés jeudi dernier au Darfour, selon une source onusienne. Deux étaient encore portés disparus lundi. Les autres, y compris le personnel étranger, ont été relâchés.

L'ONG fournit des soins de première nécessité et de la nourriture aux populations sinistrées vivant dans la région de Jebel Marra au Darfour.

L'ONG catholique américaine Catholic Relief Services (CRS), opérant dans l'ouest du Darfour, avait aussi été contrainte de suspendre ses activités il y a deux semaines.

«Nous sommes très inquiets du départ des organisations humanitaires. Nous n'arrivons déjà pas à répondre aux attentes des populations locales au Darfour», a dit le porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires (BCAH) des Nations Unies au Soudan, Christophe Illemassene.

L'envoyé spécial des États-Unis au Soudan, Scott Gration, avait félicité, la semaine dernière, le gouvernement des «avancées majeures» facilitant le travail des ONG et de la force de maintien de la paix au Darfour, la Minuad, composée de Nations unies et de l'Union africaine.

Cependant, ces déclarations avaient été contestées par la Minuad elle-même et par plusieurs travailleurs humanitaires basés au Darfour. Ces derniers s'étaient plaints de l'insécurité et des entraves à leur travail posées par les troupes gouvernementales.

La faction de l'Armée de Libération du Soudan (SLA) d'Abdelwahid Nour est l'un des trois groupes rebelles qui combattent le gouvernement au Darfour, avec la branche du SLA de Minni Minnawi et le Mouvement pour la justice et l'égalité.

Quelque 43 000 personnes ont dû quitter leurs domiciles depuis le mois de décembre à cause des combats incessants entre les rebelles et l'armée soudanaise, selon une estimation de l'ONU.

La guerre au Darfour est à l'origine depuis 2003 de plus de 300 000 morts selon les estimations de l'ONU - 10 000 d'après Khartoum - et 2,7 millions de déplacés.