«Hier, nous étions tous tunisiens. Aujourd'hui, nous sommes tous égyptiens. Demain, nous serons tous libres.»

La citation, mise mardi sur Twitter par un Marocain sous le pseudonyme d'AfriNomad, a été reprise et reprise toute la journée d'hier sur le populaire réseau de microblogues. Regroupant leurs missives sous l'étiquette #Jan25 - pour souligner l'appel à manifester en Égypte le 25 janvier -, plusieurs microblogueurs en direct du Caire ou de Suez ont relayé de l'information sur le déroulement des manifestations qui ont eu lieu hier pour la deuxième journée consécutive.

À Suez, le journaliste Hadeel Al-Shalchi, de l'Associated Press, a révélé que la police avait battu deux de ses collègues, dont l'un aura besoin de chirurgie. Lui-même, a-t-il écrit, a dû trouver refuge dans une maison pour se protéger des gaz lacrymogènes, des balles et des cocktails Molotov tirés de part et d'autre.

Danny-Ahmed Ramadan, journaliste syrien établi au Caire, a rapporté les événements en direct des rues du Caire avec des détails étonnants, comme un homme qui vendait des ballons en forme de coeur. Il se trouvait sur la place Talaat Harb quand la police a chargé. «Nous avons réussi à nous éloigner sans être blessés, a-t-il écrit. Mais l'un de nos amis manque à l'appel et ne répond pas au téléphone. Priez pour lui.»

La rébellion de la rue égyptienne, s'il faut en croire ses partisans, ne s'éteindra pas tout de suite. Le journaliste Hossam el-Hamalawy a indiqué que plusieurs appels à une manifestation après la prière de vendredi circulent par messagerie texte. «Nous avons besoin de manifestations en face des ambassades et consulats égyptiens à l'étranger, en signe de solidarité», a-t-il lancé.

À Montréal, Shereen Eltouny a entendu cet appel. Une vingtaine de personnes ont ainsi manifesté devant le consulat de la rue De La Gauchetière hier après-midi. «Une autre manifestation est prévue vendredi à 14h à Montréal, en même temps qu'à Ottawa et à Toronto.»

Vers 22h (heure du Caire), Danny-Ahmed Ramadan a annoncé qu'il rentrait chez lui. «C'est maintenant une bataille de rue. Ce n'est plus une manifestation, c'est un désastre.»