Le gouvernement d'Alassane Ouattara, l'un des deux présidents proclamés de Côte d'Ivoire, 1er producteur et exportateur mondial de cacao, «informe les opérateurs économiques de l'arrêt immédiat de toute exportation de café et de cacao», à compter de ce lundi jusqu'au 23 février, indique-t-il dans un communiqué.

Les cours du cacao se s'ont envolé sur les marchés de Londres et New York après cette annonce : après avoir déjà enregistré une hausse de près de 14% sur la semaine dernière, les cours de la fève brune ont accéléré lundi leur progression, bondissant de plus de 6% dans les premiers échanges par rapport à leur clôture de vendredi.

Le prix de la tonne de cacao pour livraison en mars est grimpé lundi jusqu'à 2.307 livres sur le marché Liffe de Londres, à son plus haut niveau depuis début août. Il a par ailleurs atteint à New-York 3 393$US, son plus fort niveau depuis janvier 2010.

«Le marché du cacao pâtit des effets de l'embargo décrété par le nouveau président Ouattara sur les exportations de Côte d'Ivoire», premier producteur mondial, soulignaient les analystes de Commerzbank.

Dans un communiqué, le gouvernement d'Alassane Ouattara indique que «les contrevenants à cette mesure seront considérés comme finançant les activités de l'administration illégitime de Monsieur Laurent Gbagbo et s'exposent à des sanctions internationales, sans préjudice des poursuites pénales des juridictions nationales», note le communiqué signé du premier ministre de M. Ouattara, Guillaume Soro.

«Sont exclues uniquement de cette mesure les quantités dont les droits ont déjà été perçus avant le 24 janvier 2010», et «la commercialisation intérieure du café et du cacao est autorisée», est-il ajouté. «informé les opérateurs économiques de l'arrêt immédiat de toute exportation de café et de cacao», à compter de ce lundi jusqu'au 23 février.

«Tout le monde sait que cela n'aura aucun effet sur le terrain», avait réagi un porte-parole du gouvernement rival de Laurent Gbagbo.

Selon un diplomate européen, des navires marchands enregistrés dans l'Union européenne ont par ailleurs été empêchés de se rendre dans les principaux ports d'exportation du cacao du pays à la suite de l'entrée en vigueur des sanctions internationales, décidées après le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître les résultats de l'élection présidentielle.

La Côte d'Ivoire est 12e producteur mondial de café et 3e en Afrique, derrière l'Ethiopie et l'Ouganda.

Le café et le cacao représentent 40% des recettes d'exportations de la Côte d'Ivoire et environ 20% de son PIB (sources officielles).

Le port de San Pedro (sud-ouest), est le premier port d'exportation de cacao au monde.

La Côte d'Ivoire est plongée dans une grave crise politique depuis la présidentielle du 28 novembre, M. Ouattara et le chef d'État sortant Laurent Gbagbo s'estimant chacun président légitime. M. Ouattara a été reconnu président par la quasi-totalité de la communauté internationale, qui presse M. Gbagbo de quitter le pouvoir, ce qu'il refuse.

Après l'échec de plusieurs médiations africaines qui se sont succédé à Abidjan, couper les vivres au régime Gbagbo est considéré par la communauté internationale comme une stratégie essentielle pour le pousser à céder pacifiquement le pouvoir à M. Ouattara et éviter le recours à une intervention militaire ouest-africaine pour le déloger, une option envisagée.

Depuis la présidentielle, M. Gbagbo et Ouattara ont nommé chacun leur propre gouvernement. Le chef d'État sortant est toujours installé au palais présidentiel, tandis que son rival est retranché au Golf hôtel d'Abidjan, soumis à un blocus des forces restées loyales à M. Gbagbo.

Des violences postélectorales ont fait 260 morts dans le pays depuis la mi-décembre, selon l'ONU.