Le plus important parti d'opposition en Égypte a demandé, mercredi, au président Hosni Moubarak de dissoudre le Parlement nouvellement élu et d'organiser d'autres élections, une demande qui apparaît comme une tentative de capitaliser sur les espoirs de changement suscités par la révolte populaire en Tunisie.

Les Frères musulmans ont aussi appelé à la levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 30 ans en Égypte, une loi qui interdit notamment les rassemblements politiques.

Ils ont également demandé des amendements constitutionnels étendus pour permettre la tenue d'une élection présidentielle libre et juste dans le pays.

Le groupe exhorte aussi le gouvernement égyptien à combattre l'extorsion et à juger les responsables soupçonnés de corruption.

Les demandes des Frères musulmans ne sont pas nouvelles, mais elles semblent cette fois-ci destinées à saisir l'impulsion donnée par la révolte en Tunisie, qui a mené au renversement du président autocratique du pays et qui a galvanisé les mouvements d'opposition du monde arabe.

Les Frères musulmans ont prévenu que si le gouvernement n'agissait pas rapidement et n'endossait pas la responsabilité d'entamer un processus de réforme sérieux, «la stabilité pourrait ne pas durer longtemps».

«Les événements en Tunisie sont une pierre angulaire pour les peuples arabes et musulmans», a déclaré le mouvement dans un communiqué mis en ligne sur son site internet. «Ceci est un message à tous les dirigeants despotiques et aux régimes corrompus: ils ne sont pas en sécurité et ils vivent sur le cratère du volcan de la colère du peuple et du courroux de Dieu.»

Les Frères musulmans n'ont remporté aucun siège lors des élections parlementaires de l'année dernière, eux qui avaient pourtant remporté le cinquième des sièges du Parlement lors des précédentes élections. Le mouvement, officiellement interdit mais qui présente des candidats en tant qu'indépendants, de même que plusieurs autres partis d'opposition, ont affirmé que le vote avait été truqué.

D'autres mouvements d'opposition de la région ont aussi tenté de tirer profit des récents événements en Tunisie.

Mardi, l'aile jordanienne des Frères musulmans a appelé le roi Abdallah II à dissoudre le cabinet et à autoriser la formation d'un gouvernement intérimaire pour superviser de nouvelles élections.

Bien que ces demandes reflètent celles qui ont conduit au renversement du président tunisien, la plupart des experts conviennent que l'Égypte et la Jordanie ne sont pas aussi vulnérables que la Tunisie.