La majorité simple des voix requises pour la sécession du Sud-Soudan a d'ores et déjà été atteinte, avec par endroits des scores de 99% en faveur du «oui» à l'issue du référendum sur son indépendance, selon des résultats préliminaires compilés mercredi par l'AFP.

Quelque 3 932 588 d'électeurs étaient inscrits sur les listes en vue de ce référendum historique dont l'enjeu est la partition du plus vaste pays d'Afrique.

Compte tenu du fort taux de participation, environ 1,9 million de voix étaient nécessaires afin de garantir la victoire de l'option sécessionniste ou de celle du maintien de cette région de près de neuf millions d'habitants au sein du Soudan.

Ce scrutin est le point-clé de l'accord de paix global ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord, musulman et en grande partie arabe, et le Sud, afro-chrétien, un conflit ayant fait plus de deux millions de morts, nordistes et sudistes confondus.

Les antennes locales de la commission référendaire du Sud-Soudan ont commencé mercredi à publier leurs résultats préliminaires.

Selon des données préliminaires, encore partielles, compilées par l'AFP, l'option en faveur de l'indépendance du Sud-Soudan avait déjà réuni 2 198 422 de voix en milieu de journée mercredi, dépassant le seuil des 1,9 million de voix.

Ces données ne comprennent pas les résultats de l'État sudiste de Jonglei, fief du défunt leader historique de la rébellion sudiste John Garang, et le plus peuplé du Sud-Soudan.

Elles créditent l'indépendance d'environ 99% des voix, avec des pointes de 99,9% dans l'État de Lakes, bastion de la rébellion sudiste pendant la guerre civile Nord-Sud, à l'origine de deux millions de morts entre 1983 et 2005.

«C'est un moment historique!», s'est exclamé mercredi Timon Wani, président du bureau de la commission référendaire de la capitale sudiste, sous les applaudissements nourris de la population, en annonçant un score à Juba de 97,5% en faveur de la sécession du Sud-Soudan.

«C'est un grand résultat, il n'est pas vraiment possible d'obtenir une plus forte avance. Je suis certain que le reste des États du Sud-Soudan vont suivre cette tendance», a dit à l'AFP Mohamed Lowala, un militant indépendantiste.

Les sondages indiquaient une victoire de l'option sécessionniste au référendum du Sud-Soudan, mais il est encore trop tôt pour crier victoire, avait affirmé mardi le ministre sudiste de l'Information Barnaba Marial Benjamin.

Plusieurs responsables sudistes avaient déjà indiqué qu'ils souhaitaient avoir les résultats définitifs du scrutin, prévus début février, avant de célébrer la victoire.

Des analystes pronostiquaient le retard du référendum ou un scrutin, tronqué, mais les autorités ont réussi à organiser cette consultation à la date prévue, du 9 au 15 janvier, et ont en outre obtenu le sceau des observateurs internationaux.

Le référendum est «crédible» et respecte «les normes internationales» en matière de démocratie, ont jugé cette semaine les observateurs de l'Union européenne et de la fondation américaine Carter.

Le président soudanais Omar el-Béchir s'était engagé à reconnaître la sécession du Sud-Soudan à l'issue de ce scrutin qui devrait mener le 9 juillet prochain, date de la fin de l'accord de paix Nord-Sud, à la création d'un nouveau pays, le 193e au monde.