Les Sud-Soudanais ont voté massivement au référendum d'autodétermination qui a pris fin samedi soir et attendent maintenant le résultat officiel de ce scrutin qu'ils préparent depuis un demi-siècle avec une certitude en tête: ils auront leur pays indépendant.

Les bureaux de vote de Juba, capitale de la région semi-autonome du Sud-Soudan, ont fermé leurs portes comme prévu à 18h00 (10h00, heure de Montréal). La commission référendaire a annoncé simultanément la fermeture des autres bureaux de vote, et les employés s'apprêtaient à commencer le dépouillement.

«Le vote est terminé, les bulletins seront mis en sécurité, le dépouillement va commencer en soirée», a déclaré à l'AFP Joseph Kharin, un responsable de la commission à Juba.

Une heure avant la fin du vote, un évêque de l'église épiscopale de Juba, Paul Yugusuk, avait soufflé dans la «dernière trompette», une sorte de vuvuzela orange, recouverte d'un drapeau du Sud-Soudan.

«C'est un signal pour montrer que ce n'est pas seulement la fin du vote, mais la fin de l'esclavagisme, de l'oppression et le début de notre liberté», a-t-il déclaré.

Selon la commission, plus de 80% des quelque quatre millions d'électeurs inscrits ont participé au référendum.

«C'est un excellent résultat au regard de toutes les normes internationales. J'ai vu plusieurs élections dans ce pays et je peux dire que ce scrutin a été le plus pacifique, le mieux ordonné et le plus tranquille», s'est félicité Mohammed Ibrahim Khalil, président de la commission référendaire.

«Nous avons observé un processus très ordonné au Nord comme au Sud», a assuré l'ex-président américain Jimmy Carter, dont la fondation éponyme observe le scrutin.

La commission référendaire avait annoncé dès jeudi un taux de participation supérieur à 60%, seuil nécessaire pour la validation du scrutin. Les résultats préliminaires pourraient filtrer au cours des prochains jours, et les résultats définitifs sont attendus pendant la première moitié de février.

Mais le triomphe de l'option sécessionniste ne fait plus l'ombre d'un doute pour la population, les analystes et les observateurs: la seule question est de savoir quel sera le pourcentage de soutien à cette option.

Le gouvernement central n'avait pas mené campagne auprès des Sudistes pour les convaincre de choisir le maintien de l'unité du Soudan.

Dans la capitale soudanaise Khartoum, l'ambiance n'était pas à la fête samedi à la perspective de la partition du plus vaste pays d'Afrique entre un Nord de 32 millions d'habitants, musulmans et en grande partie arabes, et un Sud d'environ neuf millions de personnes qui se considèrent «africaines».

«Je suis triste, je ne suis pas en faveur de la sécession. S'il n'y avait pas la politique, nous demeurerions unis», regrette Moustafa Mohamed, un jeune employé du gouvernement établi à Khartoum.

La sécession du Sud est une pilule difficile à avaler pour nombre de Nordistes, confrontés de surcroît à une hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires et de l'essence.

Les Sudistes vivant dans le Nord du Soudan et à l'étranger avaient aussi le droit de vote pour ce scrutin prévu par l'accord de paix ayant mis fin en 2005 à la seconde guerre civile Nord-Sud. Seulement 53% des électeurs inscrits au Nord ont participé, contre 91% au sein de la diaspora.

En raison des inondations en Australie, la commission référendaire a prolongé de cinq jours le vote dans ce pays.

Plus de 180 000 Sudistes vivant dans le Nord sont rentrés au Sud depuis novembre, a annoncé samedi l'ONU, qui s'attend à plus d'un demi-million de retours au cours de la prochaine année. Le Sud-Soudan pourrait devenir un pays dès le 9 juillet, date de la fin de la période intérimaire fixée par l'accord de paix Nord-Sud.