Le parti au pouvoir au Sud-Soudan a annoncé mercredi que le seuil de participation requis pour la validation du référendum d'indépendance avait déjà été atteint, ouvrant ainsi la voie à la naissance d'un nouvel État au coeur de l'Afrique.

Cette estimation des ex-rebelles du Mouvement populaire pour la libération du Soudan (SPLM), à la tête du gouvernement semi-autonome du Sud-Soudan, doit encore être confirmée par la commission chargée de l'organisation de cette consultation, qui s'étale sur une semaine jusqu'au 15 janvier.

Au quatrième jour du vote, les longues files d'électeurs s'étendaient toujours devant les bureaux de vote. L'ambiance festive a toutefois été ternie par des violences meurtrières, notamment autour de la question d'Abyei, à la frontière Nord-Sud.

«Le seuil des 60% a été atteint», a déclaré Anne Itto, vice-secrétaire générale du SPLM. «Mais nous plaidons pour une participation de 100%».

Selon la loi référendaire, au moins 60% des électeurs inscrits doivent voter pour que le résultat du scrutin soit jugé valide.

La porte-parole de la commission référendaire, Souad Ibrahim, a indiqué à l'AFP ne pas disposer d'informations complètes sur la participation, mais que l'estimation de 60% était probablement juste. «Il est même possible que ce soit plus».

Des résultats partiels sont attendus fin janvier et les résultats définitifs le 14 février au plus tard.

Les Sud-Soudanais se prononcent depuis le 9 janvier sur le maintien de l'unité avec le reste du Soudan ou la séparation, dans un référendum prévu par l'accord de paix ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre Nord et Sud.

Environ quatre millions d'électeurs sont inscrits sur les listes pour ce scrutin qui devrait mener à la partition du plus vaste pays d'Afrique divisé entre le Nord, musulman et en grande partie arabe, et le Sud, afro-chrétien.

À Juba, la capitale du Sud-Soudan, des camions équipés de haut-parleurs sillonnaient les rues pour exhorter les Sud-Soudanais à voter. «Il ne reste plus que trois jours, la liberté ne peut pas attendre», appelaient-ils.

Mme Itto a accusé le gouvernement de Khartoum d'appuyer la tribu arabe des Messiriya dans la région frontalière disputée d'Abyei, où des violences ont fait 33 morts le week-end dernier. «L'idée est de décourager Abyei de vouloir son autodétermination».

Un référendum sur le rattachement d'Abyei au Nord ou au Sud devait avoir lieu le 9 janvier mais il a été repoussé sine die en raison de différends sur l'éligibilité des électeurs.

Le secrétaire général du SPLM, Pagan Amum, a fait état d'une proposition visant à sortir de l'impasse. «Le SPLM est prêt à s'asseoir avec le NCP (le parti du président Omar el-Béchir) pour surmonter la crise», à Juba ou à Addis Abeba, a-t-il déclaré après une tournée à Abyei.

«La situation est maintenant calme bien qu'il y ait beaucoup de tension. On craint que des Messiriya n'attaquent de nouveau», a-t-il ajouté.

L'ancien chef de l'ONU Kofi Annan, qui observe le processus référendaire, a pour sa part appelé à une résolution rapide de la question. «Quand on laisse pourrir et traîner de tels problèmes, on peut être surpris et cela peut mener à des erreurs de calcul d'un côté ou de l'autre».

M. Annan s'est toutefois dit ému de voir le vote se dérouler dans la joie. «Je n'ai jamais assisté à une élection où j'ai vu autant de sourires».

Si Khartoum respecte les résultats du référendum, selon Princeton Lyman, l'un des principaux négociateurs des États-Unis pour le Soudan, le Soudan pourrait être retiré dès juillet prochain de la liste des pays considérés par Washington comme complices du terrorisme.